Extrait de la treizième conférence du cycle «Facteurs de santé pour l’organisme social»
Dornach, 10 juillet 1920
Rudolf Steiner – GA198
2e édition (en langue allemande)
Éditions Anthroposohiques Romandes - 2021
Traduction : Jean-Marie Jenni

« (…) Nous avons fondé à Stuttgart une école Waldorf. De plus en plus de gens cherchent à faire un stage dans cette école. C'est ce qu'on fait aujourd'hui lorsqu'on est intéressé par quelque chose. On peut alors prendre connaissance concrètement des choses et s'accommoder. Voilà ce qu'est devenue notre vie peu à peu. Mais à l'école Waldorf, il ne s'agit pas de cela : il s'agit avant tout qu'on pénètre au cœur de la vie et qu'on approfondisse la didactique et la pédagogie introduites à l'école Waldorf. Il s'agit en effet de saisir d'une toute nouvelle manière le rapport entre l'homme et le monde. Concernant le monde des idées, les hommes sont très généreux. Ils n'aiment pas les garder pour eux-mêmes. Ils aimeraient bien que tout le monde partage leurs idées. Ce n'est pas le cas pour d'autres biens, et c'est bien là que réside la différence radicale entre le monde de l'esprit et celui de l'économie. C'est bien là une différence radicale, pour ne considérer que celle-ci, et celui qui manifeste des tendances pour la profession d'enseignant, même selon l'ancien système, sera porté aussi à partager ses idées de manière très généreuse. Car les enfants reçoivent ces cadeaux bien plus volontiers que les adultes qui sont plutôt portés sur la critique et la résistance. Les cadeaux du savoir sont mieux acceptés par les enfants.

Mais, évidemment, il faut aussi prendre en compte les instincts chez les maîtres d'une école Waldorf. Pourtant, un élément vient s'ajouter qui ne peut provenir que de la science de l'esprit d’orientation anthroposophique. À ce qui constituait la tradition des confessions habituelles qui ne portaient leur attention que sur la vie après la mort, la science de l'esprit d'orientation anthroposophique ajoute maintenant une attention déterminée aussi sur la vie prénatale. Il est clair alors que l'enfant fait grandir en lui et voit se déployer ce qu'il apporte du monde de l'esprit. À un moment donné, nous sommes descendus du monde de l'esprit. Les dieux nous ont envoyés dans ce monde, et nous accomplissons ce qu'ils nous ont donné comme viatique. Les enfants viennent après nous, ils sont restés plus longtemps dans le monde spirituel. Nous regardons ce qu'ils apportent dans leur âme, c'est un message des mondes spirituels, dans lesquels ils étaient demeurés plus longtemps que nous. Ce n'est que grâce à la science de l'esprit d'orientation anthroposophique qui cultive la notion de pré-existence que l'enseignant peut nourrir un sentiment pour ce qui vient ainsi des mondes spirituels grâce aux enfants, y porter son attention et prendre en compte les énigmes, alors que l'enseignant a plutôt tendance à donner généreusement plutôt qu'à prendre.

Ce qui importe, c'est ce nouvel élément introduit dans la didactique et la pédagogie de l'école Waldorf. En fait, ne peut comprendre l'école Waldorf que celui qui a adopté dans son cœur la science de l'esprit d'orientation anthroposophique. Et c'est, là tout d'abord, que doit venir le stagiaire, avant d'écrire au tableau ou de parler aux enfants, etc. Mais voilà, il est très malcommode pour l’être humain de notre temps d'approcher véritablement la science de l'esprit. Et pourquoi cela, en somme ? Si l'on veut chercher les causes, il faut commencer par consulter les ouvrages issus du passé : que pense-t-on dans ces ouvrages de l'acquisition de la spiritualité ? (…) »

Rudolf Steiner 

[Caractères gras S.L.] 

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