Extrait de la conférence initulée «Influences du cosmos sur les constituants de l'être humain pendant le sommeil - Le fondement occulte de la fête de Noël - Le sens des morts sacrificielles» - Vienne, le 7 mai 1915. Cette conférence se trouve dans le livre "La mort, ce mystère - Essence et signification de l'Europe du centre - Les esprits des peuples européens" - Édition Novalis (2009) - GA159
Le présente traduction est issue de la revue l'Esprit du temps, n°44, pp 5-24 (hiver 2002), sous le titre Noël et son fondement dans le rapport de l'homme au cosmos
Traduction : Gudula Gombert
Note de la rédaction : Les titres intercalaires sont de la rédaction. Ils n'existent ni dans l'ouvrage dont cet extrait de conférence est issu, et encore moins dans la conférence. |
La Terre veille et dort au cours de l'année... mais pas comme on le croit
(…) Mais si nous regardons en tant que chercheurs en esprit ce qui se passe avec l'homme, tant à l'état de veille qu'à l'état de sommeil, nous percevons en même temps que l'être humain endormi vit avec son je et son corps astral dans le monde spirituel; de la même façon que ses corps physique et éthérique appartiennent alors au grand univers; que cette vie propre qui s'écoule, en quelque sorte, dans les limites de notre peau s'arrête et que nous élargissons notre soi pour être le grand soi. Et songez alors qu'au fond, au cours de vingt-quatre heures, nous passons toujours par un état estival et par un état hivernal[1].
Nous savons que la Terre passe aussi par un état estival et par un état hivernal, mais la Terre y passe au cours de l'année. Pourquoi la Terre passe-t-elle par ces états au cours de l'année? Parce que la Terre est un être comme nous-mêmes, seulement à un autre degré des hiérarchies. Toute la Terre quand nous la regardons ainsi physiquement telle qu'elle est autour de nous n'est que le corps de la Terre ; et de même que nous portons en nous ce qui est spirituel-psychique, la Terre a aussi ce qui est spirituel-psychique. La différence est seulement que nous veillons et dormons au cours de vingt-quatre heures, et que la Terre veille et dort au cours de l'année[2]. Elle veille de l'automne jusqu'au printemps et dort pendant l'été. De sorte que nous pouvons réellement toujours dire, quand nous vivons pendant l'été : nous vivons au sein de la Terre endormie. Et quand nous vivons pendant l'hiver : nous vivons au sein de la Terre qui veille.
Il n'en est pas ainsi que la Terre veillerait en été et dormirait en hiver, comme nous pouvons le dire dans la comparaison triviale prise dans la vie ordinaire. Mais ce qui' est exact, c'est que, quand vient l'automne, la Terre se réveille en tant qu'être psychico-spirituel et qu'elle est le plus éveillée au cœur de l'hiver. L'Esprit de la Terre pense le plus au cœur de l'hiver, et il commence à arrêter progressivement son penser à l'approche du printemps ; et il dort quand la vie extérieure germe et bourgeonne ; pendant l'été, l 'Esprit de la Terre dort.
Mais nous, en tant qu'êtres humains, sommes par notre corps physique non seulement en lien avec le corps de la Terre, mais aussi avec l'Esprit de la Terre. Or nous savons par les différentes conférences que l'esprit que nous appelons l'Esprit du Christ s'est uni à l'Esprit de la Terre par le Mystère du Golgotha:
L'Esprit du Christ vit, depuis le Mystère du Golgotha, dans ce qu'est l'Esprit de la Terre. Par conséquent, si les hommes veulent célébrer une fête censée exprimer pour eux que l'Esprit du Christ est dans l'Esprit de la Terre à quel moment doivent-ils alors fixer cette fête? Ils doivent fixer la fête non pas en été, mais en hiver; au cœur de l'hiver. C'est la fête de Noël. Pour cette raison, l'on place la fête de Noël, et ce qui se développe à partir de là, à la saison de l'hiver. Cela résulta d'une juste connaissance de ceux qui ont jadis décidé de l'aménagement de l'année chrétienne. La fête de Noël a été fixée à partir des vérités occultes, pas à partir de faits historiques. Parce que, en effet, pour ce qu'est maintenant l'humanité, l'être humain, dans la mesure où il est entouré avec son élément spirituel-psychique de l'élément spirituel-psychique de la Terre, est ensemble avec l'état le plus éveillé de l'être de la Terre, à la saison de l'hiver. C'est là qu'il vit dans la Terre qui veille.
D'un état de rêve à un accueil pleinement conscient du spirituel
Et qu'est-ce que les peuples anciens auront fait, ceux dont nous savons qu'ils ont construit leur service au monde et leur connaissance du monde sur une sorte de clairvoyance de rêve? Eh bien, ils ont dû, de préférence, s'être référés à ce qui vit dans l'Esprit de la Terre en sommeil, quand l'Esprit de la Terre dort le plus, s'est le plus retiré dans son état de sommeil. C'est là qu'ils ont dû s'élever au contraire de l'humanité moderne vers ce qui leur inspirait la vérité sous forme inconsciente telle qu'elle devait être pour eux. Au cœur de l'été, nous trouvons donc chez les peuples qui adhéraient au culte qui puisait sa connaissance dans l'état plutôt endormi, rêveur, la fête de la Saint Jean, la fête de l'été par opposition à la fête de Noël, qui convient à l'humanité moderne.
Ce qui est ainsi fixé extérieurement, et que notre époque matérialiste ne comprend plus guère, a réellement ses bases profondes dans ce qu'est la réalité spirituelle. Et maintenant, nous vivons à une époque où les hommes doivent commencer à nouveau à penser et à ressentir d'une manière tout autre que ce n'était le cas dans la période révolue. La période révolue a eu pour tâche de présenter aux hommes le règne du penser et du ressentir matérialistes. Et précisément les siècles derniers que les âmes humaines ont vécus devaient présenter aux hommes le penser et le ressentir matérialistes. Il fallait que l'évolution terrestre passât par la période matérialiste; il en est ainsi. Nous ne faisons pas bien si nous n'avons qu'un criticisme acerbe à l'égard du matérialisme. Il devait un jour entrer dans l'évolution terrestre. Mais maintenant, nous vivons à une époque où le matérialisme doit à nouveau être surmonté, où la vision spirituelle doit à nouveau entrer dans les âmes humaines. Et le sentiment plus ou moins clair ou obscur de tous ceux qui se sentent attirés, dans leur propre âme, vers nos aspirations de science de l'esprit, vers notre vision du monde de la science de l'esprit, est qu'ils ressentent justement que le moment est maintenant venu où, alors que le monde spirituel devait autrefois être contemplé à la manière du rêve, l'on doit consciemment accueillir en soi ce monde spirituel. Et la science de l'esprit existe dans ce but.
La période révolue était donc celle du matérialisme. Et parce que, pour ainsi dire, l'humanité devait s'immerger dans le matérialisme, la forte impulsion qui élève de nouveau l'humanité devait justement agir à travers l'époque du matérialisme. C'est l'impulsion du Christ. Et lorsque l'impulsion du Christ pénétra dans l'évolution terrestre, la préparation était déjà à son début. C'est aux XIVe, XVe siècles qu'elle fit réellement son entrée. Mais lorsqu'elle approcha, le fait que l'humanité s'immerge dans le matérialisme était en préparation. L’impulsion du Christ était là comme un fait objectif dans l'évolution de l'univers, mais à l'époque où elle était présente, les hommes étaient le moins aptes à la comprendre. Maintenant, nous vivons à l'époque où l'on doit aussi commencer à comprendre réellement ce qu'il y avait là.
Que voyons-nous donc ? Nous voyons, dans l'évolution jusqu'à présent, un parcours singulier de l'impulsion du Christ. Nous voyons que cette impulsion du Christ, lorsqu'à travers le Mystère du Golgotha elle est entrée dans l'évolution de l'humanité, n'est absolument pas comprise par les êtres humains. Car essayons donc de nous faire une image de ce que les gens faisaient avec toute leur intelligence. Précisément aux premiers siècles et pendant ceux qui suivirent l'entrée de l'impulsion du Christ, nous trouvons que toutes sortes de systèmes théologiques se constituent, que les gens se disputent sur la manière dont il faut penser la Trinité, etc. Nous voyons, à travers des siècles, des différends théologiques sans fin, et le pire des chemins serait certainement de vouloir peut-être comprendre à partir de ces disputes théologiques comment l'impulsion du Christ a agi pendant ces siècles. Et les gens qui se querellaient alors à propos de sa compréhension n'ont rien compris non plus à la place qu'occupe l'impulsion du Christ dans l'évolution.
L'impulsion du Christ agit tout d'abord dans l'inconscient - L'empereur Constantin
Essayons donc de nous rendre clairement compte comment elle a réellement agi. Je voudrais citer quelques faits isolés à ce propos. Prenons ce qui s'est produit au IVe siècle, en l'an 312, le 28 octobre, et par quoi, plus tard, la carte de l'Europe fut complètement déterminée: c'était le fait que Constantin, qui, comme on le sait, a été appelé « le Grand», fils de Constance Chlore, était parti en guerre contre Maxence, souverain de Rome, et l'a emporté sur lui, après quoi le christianisme a été victorieux d'une manière extérieure dans le monde occidental aussi. Constantin a alors fait du christianisme la religion d'État[3], etc. Mais l'a-t-il fait grâce à son intelligence? Ce qui se fit alors s'est-il produit par intelligence? Nous ne pouvons pas dire cela. Qu'est-ce qui s'est donc passé réellement ? Lorsque Maxence, le souverain de Rome, eut appris que Constantin approchait, il interrogea tout d'abord les Livres Sibyllins. Il entreprit de vouloir comprendre les phénomènes universels par les voies du rêve. Et ce qu'il obtint de ces livres, ce fut qu'on lui fit savoir: l'acte juste sera commis par celui qui, en tant que souverain de Rome, quittera la ville et livrera bataille en dehors de Rome. Ce fut à peu près la réponse la plus inhabituelle qu'on ait pu imaginer. Car Constantin avait une armée bien plus petite que celle de Maxence et, sans doute, n'aurait rien pu faire si Maxence était resté dans Rome. Mais, sur le conseil des Livres Sibyllins, Maxence a quitté Rome avec son armée. Cependant, dans l'armée de Constantin non plus ce ne sont pas les grands capitaines qui ont été victorieux. Plutôt, Constantin eut un rêve où le symbole du Christ lui est apparu. À la suite de ce rêve, il fit alors porter en tête de ses armées la croix, symbole du Christ. Il a fait dépendre son comportement de ce que le rêve lui révéla. Ce n'est pas l'intelligence des hommes qui a décidé de l'issue de cette bataille par laquelle la carte d'Europe fut alors déterminée, ce ne sont pas les grands capitaines qui l'ont emporté, mais des rêves et des prédictions. Tout en Europe serait devenu autre si, à l'époque, les choses s'étaient passées selon la conscience des hommes et non pas selon ce qui est monté du subconscient pour agir, ce que les hommes justement ne savaient pas.
Les théologiens ont disputé ce qu'est le Christ, s'il est né en éternité avec le Père, s'il est né dans le temps, s'il est équivalent au Père, etc. Rien de l'impulsion du Christ n'était contenu dans ce qu'ils pénétraient de leurs pensées. Mais elle agissait à l'intérieur des hommes, dans le subconscient. Elle n'agissait pas par des je, mais par le corps astral. L’impulsion du Christ était une réalité, et elle agissait sans que les hommes aient besoin de la comprendre. C'est cela l'important, l'essentiel. La manière dont le Christ a agi est aussi indépendante de ce que les hommes en ont compris que la tournure que prend un orage est indépendante de ce que les hommes ont appris de la machine électrique ou ailleurs au laboratoire de physique.
Le temps est venu de se plonger consciemment dans l'activité de l'impulsion du Christ. Mais, dans ce qui s'est passé historiquement, le Christ agissait toujours en tant que force.
Les treize nuits de l'hiver et Jeanne d'Arc
Passons de cet exemple à un autre exemple qui appartient à une époque plus tardive. Pour ce faire, il faut cependant nous souvenir de ce que je vous ai exposé. Pour l'époque où le matérialisme a émergé, il est important de savoir que l'être humain, s'il veut s'absorber dans le monde spirituel, doit faire cela au mieux en hiver. C'est pourquoi, pour cette époque, naît partout l'idée que, dans les nuits du milieu de l'hiver dont nous avons parlé, des natures particulièrement douées reçoivent la grâce d'inspirations venant du monde spirituel.
Partout dans les peuples, il existe des légendes qui nous racontent que des natures particulièrement douées, qui ne passent pas par une initiation, mais qui, de par leur nature même, par des forces élémentaires agissant en elles, reçoivent la grâce d'être inspirées, d'être inspirées pendant les nuits de la veille de Noël jusqu'au jour des Rois, pendant les treize nuits de l'hiver. Il existe une très belle légende qui a été trouvée en Norvège, il n'y a pas longtemps, la légende d'Olaf Asteson[4], qui, la veille de Noël, s'approche de l'église et commence à dormir. Il dort jusqu'au 6 janvier ; et lorsqu'il se réveille, il sait parler en imaginations de ce qui s'est passé au pays des âmes, au pays des esprits, comme nous l'appelons. Il exprime cela dans des images, mais il l'a vécu pendant ces treize nuits. Et de telles légendes se trouvent partout. Il faut savoir qu'elles ne sont pas ce qu'on appelle aujourd'hui des légendes. En fait, il y a toujours eu des êtres humains bénis des dieux, qui sont passés, en quelque sorte, par une initiation naturelle grâce à des forces élémentaires agissant en eux, et par laquelle l'homme peut passer de par sa volonté s'il suit fidèlement les prescriptions du chemin d'initiation.
De sorte que nous pouvons dire : à l'époque du matérialisme, il pouvait toujours exister des êtres humains qui, lorsque l'Esprit de la Terre est le plus éveillé, au cœur de l'hiver, pouvaient s'unir à l'Esprit de la Terre et recevoir des inspirations. C'était aussi l'époque où l'impulsion du Christ, qui s'est liée à la Terre, ne pouvait pas agir par la conscience. Imaginons des âmes ayant reçu une grâce particulière, qui sont réceptives au monde spirituel. Pour elles, il devait s'avérer qu'elles recevraient les impulsions de ce qu'elles avaient à accomplir à partir du monde spirituel précisément pendant les treize nuits jusqu'au 6 janvier. Cela devait se révéler, et il se révélait d'ailleurs aussi régulièrement, dans de petits et de grands exemples, qu'il existait, dans le déroulement historique, des êtres humains qui avaient les dispositions spirituelles à ce que, quand le moment juste pour eux arrivait, où ils vivaient en un hiver ces treize nuits, l'impulsion spirituelle - et pendant cette période surtout l'impulsion du Christ - entrait en eux. Des initiations naturelles, des initiations donc qui ne se faisaient pas par un travail de conscience humaine, ont dû, à l'époque du matérialisme, s'accomplir toujours le plus facilement pendant ces treize nuits. Et nous pouvons apprendre que, là où de telles initiations se faisaient, elles se sont accomplies pendant ces treize nuits.
Et alors, nous avons un fait que reconnaîtront même ceux qui ont seulement un peu de bonne volonté pour reconnaître le monde spirituel - les hommes sont rares à en avoir aujourd'hui -, qu'au XVe siècle il a été documenté que des puissances spirituelles sont entrées dans le déroulement historique à travers une vierge, la pucelle d'Orléans. On peut aussi prouver historiquement que toute la carte de l 'Europe a à nouveau pris une autre forme par le fait que Jeanne d'Arc a alors assisté les Français contre les Anglais. Et celui qui réfléchit peut trouver que tout aurait pris une autre forme selon ce que peuvent faire les hommes, si la jeune bergère n'était pas intervenue et donc, dans cette jeune bergère, les forces provenant du monde spirituel. Jeanne d'Arc n'était que l'instrument de ce qui fut opéré alors. Ce qui a agi en elle, c'était I'impulsion du Christ.
Mais pour cela, elle aurait dû avoir une initiation naturelle et cette initiation naturelle aurait été le plus facilement faisable pendant les treize nuits jusqu'au 6 janvier. Jeanne d'Arc aurait donc dû entrer une fois dans une sorte d'état de sommeil pendant la période du 24 décembre au 6 janvier, où elle aurait été particulièrement réceptive à l'influence spirituelle qui peut justement exister pendant cette période. De sorte qu'il faudrait présupposer que Jeanne d'Arc ait vécu la période du 24 décembre au 6 janvier dans un état qui ne soit pas pleinement conscient - et qu'elle y aurait reçu l'impulsion du Christ. - Oui, Jeanne d'Arc est passée par cet état d'une manière tout à fait éclatante ! On ne peut pas y passer d'une manière plus éclatante que lorsqu'on est encore dans cet état de sommeil où l'on se trouve avant sa naissance, dans les derniers temps qu'on passe dans le sein de sa mère. La conscience tournée vers l'extérieur n'y est pas capable d'accueillir quoi que ce soit. Il règne un état de sommeil, et lorsque c'est la fin de la période dans le corps de la mère, c'est l'état le plus mûr du sommeil à l'intérieur de la mère. Et Jeanne d'Arc est, en effet, née le 6 janvier. Le grand secret de Jeanne d'Arc est qu'elle est passée par un stade d'initiation naturellependant les treize jours qui précédèrent sa naissance. C'est pourquoi des êtres humains particulièrement sensibles se sont assemblés en courant, dans le village, disant que quelque chose de particulier devait être entré dans le village. Jeanne d'Arc était née. Et elle est passée par une initiation naturelle dans cet état de sommeil significatif pour elle, qu'elle a traversé dans le corps de sa mère dans les derniers temps avant la naissance. Nous voyons là comment, derrière le seuil de ce qui s'accomplit pour la conscience humaine, les entités spirituelles qui sont sous le seuil de cette conscience agissent.
Nous voyons là ce que peut signifier une histoire qui tient compte seulement de ce qui est donné dans les documents et les communications extérieures. Les dieux traversent autrement le cours de l'histoire. Les dieux agissent avec d'autres moyens et par d'autres voies. Ils placent dans l'existence une Jeanne d'Arc, qui, par son karma particulier, est faite pour l'incarnation où elle accueille l'impulsion du Christ et agit avec elle. Et ils laissent affluer cette impulsion du Christ au moment adéquat. Naturellement, les deux y étaient adaptés. Le karma individuel particulier de Jeanne d'Arc devait s'y ajouter justement. Tout enfant né le 6 janvier ne pourrait pas accomplir la même chose.
Nous pouvons donc dire réellement: l'impulsion du Christ a agi dans les êtres humains par les forces dont ils n'avaient pas pris conscience.
Ce qui change à notre époque
Aujourd'hui seulement, nous vivons à une époque où nous devons accueillir consciemment ce qui, pendant des siècles, cherchait un chemin autre que le chemin conscient pour entrer dans l'activité historique.
Je voulais susciter en vos âmes une sensibilité à l'action concrète des puissances subconscientes. Pour le fait que ce qui est l'histoire extérieure et qui peut être étudié selon des documents et des pièces d'archives extérieurs est un aspect extérieur. Il est bon qu'on fasse de telles études, en particulier à notre époque.
En effet, nous voyons précisément à notre époque que, d'un côté, quelque chose de grand, de puissant, d'héroïque se passe, allant de pair avec des actes sacrificiels. Mais nous voyons ce qu'il y a de grand qui s'accomplit à notre époque, réellement accompagné de la conséquence du matérialisme le plus extérieur, de la conséquence qui cherche à expliquer tout ce qui s'accomplit à notre époque par de simples circonstances extérieures. Cela s'exprime bien dans le fait qu'un peuple rejette sur l'autre peuple la culpabilité dans les événements actuels et voudrait ainsi juger extérieurement de tout en trouvant chez l'autre la responsabilité dans ce qui s'accomplit. Pour notre époque aussi, les raisons et les causes de ce qui se passe résident profondément dans les événements subconscients. Nous en parlerons alors après-demain.
Précisément notre époque sera faite - aussi par ce qui s'accomplit de manière si sanglante - pour exhorter les hommes aux impulsions spirituelles de l'activité cognitive. Lorsqu'un jour la paix se répandra à nouveau sur les pays belligérants d'aujourd'hui, l'on fera une découverte : on découvrira qu'on ne peut pas expliquer des guerres si violentes de l'histoire universelle par des causes extérieures ! On découvrira qu'on ne peut pas les expliquer. Aujourd'hui, les gens disent encore, surtout les très malins: il ne convient pas de parler de tout ce qui a causé cette guerre, l'histoire en parlera ! Et ceux qui s'estiment particulièrement intelligents disent : Ce n'est que dans cinquante ans, dans cent ans que l'histoire en dira ce qui est juste !
Ce qu'on appelle aujourd'hui l'histoire n'expliquera jamais les causes des événements actuels[5] ; mais on verra que les causes ne peuvent pas être trouvées par l'étude historique. Mais il existera d'autres aides. C'est justement une observation occulte de notre époque actuelle qui le montre.
Notes
[1] NDLR : Au début de cette conférence, donc avant le présent extrait de cette conférence, Rudolf Steiner caractérise de manière plus détaillée l’état hivernal et estival.
[2] NDRL : Il faut bien sûr comprendre que ces processus existent dans chaque hémisphère terrestre, mais de manière inversée. Lorsqu’un des hémisphère veille de l’automne jusqu’au printemps, l’autre hémisphère dort pendant la même période qui va de son printemps à son automne. Dans d’autres conférences, Rudolf Steiner précise ces distinctions.
[3] Plus précisément, il en fait une religion licite, en empiétant sur les affaires de l’Église. Il occupe une place privilégiée dans la sphère législative et théologique de l’Église : c’est le césaropapisme. C’est le 8 novembre 392 seulement, que le christianisme est proclamé religion officielle de l'empire romain par l'empereur Théodose qui interdit aussi les autres cultes.
[4] Voir la conférence faite à Hanovre, le 1er janvier 1912, dans : Aspects spirituels de l’Europe du Nord et de la Russie, GA158, Éditions anthroposophiques romandes, Genève, 1981.
[5] NDLR : il s’agit bien sûr de la première guerre mondiale.
[Caractères gras et italique S.L.]
Rudolf Steiner
Note de la rédaction À NOTER: bien des conférences de Rudolf Steiner qui ont été retranscrites par des auditeurs (certes bienveillants), comportent des erreurs de transcription et des approximations, surtout au début de la première décennie du XXème siècle. Dans quasi tous les cas, les conférences n'ont pas été relues par Rudolf Steiner. Il s'agit dès lors de redoubler de prudence et d'efforts pour saisir avec sagacité les concepts mentionnés dans celles-ci. Les écrits de Rudolf Steiner sont dès lors des documents plus fiables que les retranscriptions de ses conférences. Toutefois, dans les écrits, des problèmes de traduction peuvent aussi se poser allant dans quelques cas, jusqu'à des inversions de sens ! |
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- Le cerveau en tant qu’appareil réflecteur - L’être humain construit selon les pensées du cosmos
- Une mémoire universelle incarnée : voilà ce qu’est l’être humain
- Tous les matins brille le cirage de la chaussure cosmique, ou la prétention d’avoir un jugement sur la totalité du monde à partir des seules lois de la physique, de la chimie, de la biologie
- Le tarissement des forces spirituelles et la nécessité que de telles forces soient générées par les êtres humains eux-mêmes
- Opposer une vie intérieure puissante aux impressions extérieures: un remède permettant de faire face à l’évolution culturelle?
- Se défendre contre tout ce que la technique a apporté dans la vie moderne? Ce serait commettre la plus grave erreur...
- L’amour que l’on croit porter à quelqu'un, le plus souvent pur égoïsme?
- Comment pouvons-nous contrebalancer consciemment les instincts antisociaux, qui se développent naturellement, par des instincts sociaux ?
- De la confiance que l'on peut avoir dans le penser
- Le processus que nous connaissons plus immédiatement et plus intimement que tout autre processus du monde: notre penser
- Pourquoi la majeure partie de la population reste-t-elle indifférente devant l’accroissement incessant du pouvoir médical ?
- Comment faudrait-il concevoir l’enseignement de l’anthroposophie pour les débutants ?
- Origines occultes du matérialisme de notre époque
- La patience, au sens occulte, est nécessaire pour comprendre la science de l'esprit
- Une différence essentielle entre le Grec et le Romain
- Au sujet de la nature des vérités anthroposophiques
- De la nature abstraite des concepts
- Action matérialisante du cinéma