Image: tortures de l'Inquisition
Françoise Bihin
Source : page sur son blog
Publié avec l'aimable autorisation de l'autrice
Il y a trois ans, je croyais encore que les attaques contre l’anthroposophie étaient le fait de quelques individus isolés. Qu’elles faisaient partie du débat d’idées inhérent à toute démocratie saine. C’est dans cette perspective que j’avais posté sur mon blog des articles et des lettres ouvertes. Je m’y adressais à des personnes que je pensais encore de bonne foi. Avant les nouvelles possibilités de l’internet, j’avais certes remarqué que les détracteurs de l’anthroposophie avaient la possibilité de s’exprimer facilement dans les media, ce qui était beaucoup plus difficile pour les personnes appartenant à des initiatives anthroposophiques, qui de ce fait étaient marginalisées. Je me demandais même parfois si ce n’était pas aussi la faute des anthroposophes eux-mêmes, trop peu soucieux de communication.
Depuis ce qu’on a appelé « la pandémie Covid », les attaques récurrentes contre l’anthroposophie en France m’apparaissent sous une autre lumière. Les personnes qui ont ouvert leur yeux et leurs oreilles depuis mars 2020 ont assisté en effet au lynchage systématique de toute voix divergente à celle du narratif officiel. Des spécialistes, reconnus quelques mois plus tôt dans leur domaine, que ce soient des médecins, des épidémiologistes, des scientifiques ou des journalistes, sont devenus du jour au lendemain des charlatans, mis au ban des grands média. Je remarquais semaine après semaine les mêmes mécanismes d’attaque, de dénigrement et de diffamation que ceux que nous connaissions depuis des dizaines d’années vis-à-vis de l’anthroposophie, avec parfois les mêmes mots. En particulier, une ressemblance est troublante, en ce qu’elle semble indiquer une stratégie déjà bien rôdée : plaquer les étiquettes « d’extrême-droite », de « nazis », de « secte » et maintenant de « complotiste ». Dès les premières manifestations contre l’obligation du port du masque en Allemagne, le mot a été lâché : les manifestants sont « d’extrême-droite », « seulement des papys de l’AFD », voire des « nazis ». Autre ressemblance troublante : les mêmes sources d’attaque. Par exemple, après avoir diffamé l’anthroposophie et Pierre Rabhi qui en était proche, la « Tronche en biais » s’est jetée aux trousses de « complotistes ».
On sait maintenant que ces lynchages médiatiques sont téléguidés par des meutes de « trolls » et de « fact-checkers ». Ceux-ci connaissent les leviers pour discréditer, tuer symboliquement quelqu’un, c’est sans doute un véritable « métier ». Mais en fait, qui peut se permettre de payer des personnes à temps plein pendant des mois, des années pour dénigrer de méprisables « complotistes » ? S’ils sont tellement minables pourquoi se donner cette peine ? Leurs arguments devraient tomber d’eux-mêmes, alors pourquoi s’acharner ?
Les assises de la Miviludes qui se tiennent actuellement en France entendent dénoncer à la fois les « complotistes » et l’anthroposophie. C’est révélateur. Et, selon moi, d’une certaine manière, une bonne nouvelle pour l’anthroposophie. Il apparaît maintenant clairement que sous couvert de « protection de la population » (encore une fois !), la Miviludes sert d’organe officiel à ceux qui, en France, voudraient criminaliser les alternatives à ce qui est officiellement admis, en particulier en matière de santé et d’éducation.
LE DÉLIT D’ÉSOTÉRISME
Bien entendu, on ne peut associer complètement les « complotistes » avec l’anthroposophie. Car celle-ci est attaquée actuellement pour un crime bien particulier : l’ésotérisme. Le mot donne froid dans le dos, vous vous rendez compte, voilà des gens très, très menaçants pour vos enfants, pauvres victimes innocentes, il faut à tout prix les empêcher de nuire, et vite ! Au fait, que signifie « ésotérique » ? Ce qui relève de l’« intérieur », au pire, réservé à une élite, à des initiés. Je défie tout non spécialiste de comprendre en profondeur comment fonctionne ce que nous utilisons chaque jour : l’électronique. Pour cela, il faut entrer dans la secte des quelques initiés au monde qui possèdent leur jargon, leur langage ésotérique, leurs concepts impénétrables. Sont-ils pour autant une secte, des criminels en puissance ? A ce propos voir l’excellent article sur le site de la Société anthroposophique en France.
En accusant l’anthroposophie, la Miviludes s’attaque en réalité à la liberté de pensée. Ah, me dira-t-on, vous oubliez qu’il s’agit d’écoles ! On enseigne aux enfants des écoles Steiner une « vision du monde » ! Certes, même si l’anthroposophie n‘est pas enseignée aux élèves (elle est déjà bien assez complexe pour les adultes !), il y a bien une philosophie sous-jacente, et les parents qui y mettent leurs enfants en sont informés. Malgré cela, il est répété que le grand danger, c’est que « derrière » l’école Steiner, il y a une idéologie, une vision du monde. Ah bon ? Et pas « derrière » l’Éducation nationale française ? N’y a-t-il pas derrière cette vénérable institution une idéologie, qui s’appellerait par exemple « la religion scientiste matérialiste », avec ses dogmes : l’évolution de l’univers résulte uniquement de lois physiques et chimiques ; l’homme n’est qu’un animal-machine (facile à manipuler quand on connaît les ressorts de sa psychologie) ? Et puisque cette idéologie s’auto-proclame majoritaire, elle s’arroge le droit d’exclure toute autre pensée… Voilà à quoi en est réduite aujourd’hui la France, autrefois pays des Droits de l’homme.
Si ces écoles Steiner étaient tellement « sectaires », comment se fait-il qu’aucune preuve juridique en ce sens n’ait jamais pu, en cent ans, être apportée dans aucun pays ? Que les jeunes qui en sortent réussissent le bac aussi bien que les autres ? Comment se fait-il que la grande majorité de ses parents et ex-élèves, et même certains enseignants, ne se reconnaissent pas comme anthroposophes ? Mais j’oubliais, il ne s’agit pas de cela ; ni de chercher des faits, ni d’argumenter, mais simplement de trouver les moyens de dénigrer a priori.
Concernant des applications de cette pensée « ésotérique » serait-ce un crime, pour un enseignant de voir en l’enfant autre chose qu’une page blanche à formater, de voir en lui au contraire un individu unique et sacré, appelé à la liberté ? De lui donner confiance dans un monde empli de beauté et de sens ? Est-ce un crime, pour un médecin, de considérer l’être humain comme un tout, corps âme et esprit, en lien intime avec l’univers entier ? Est-ce bientôt définitivement un crime, en France de soigner avec des plantes, des composants homéopathiques, dans le but de stimuler l’immunité naturelle avec des remèdes qui n’ont pas d’effets secondaires néfastes ? Est-ce un crime de redonner vie à la terre par des préparations biodynamiques qui trouvent leur origine dans une vision spirituelle des lois de l’univers ? Est-ce grotesque de considérer que la lune et des planètes puissent avoir une influence subtile mais non moins réelle sur le Vivant – comme les traditions anciennes l’ont toujours compris ?
S’autoriser à penser tout cela, est-ce le fait d’une secte dangereuse, de « criminels » en puissance ? Au fait, quelles sont les caractéristiques de la « secte », celle que chacun craint – tout comme moi quand je pense aux jeunes fragiles, en quête de sens ? Manipulation des esprits, lavage de cerveau, harcèlement moral ; domination par des gourous, des pervers narcissiques immensément riches, profitant du travail de leurs adeptes ; pensée unique, simpliste et incontestable, sans débat possible…
Mais alors, où est vraiment « la secte » ? Qui cherche à manipuler les masses par des slogans simplistes et par la peur ? Qui utilise le harcèlement moral, passant au-dessus du consentement éclairé en matière médicale ? Qui impose un système scolaire centralisé, en interdisant l’école à la maison et la diversité pédagogique ? Qui s’enrichit toujours plus, vivant dans un luxe honteux ? Qui cherche à imposer une pensée unique, matérialiste et sinistre, excluant toute voix divergente ?
LES VÉRITABLES PÉCHÉS DE L’ANTHROPOSOPHIE
Ceux qui veulent imposer leur religion scientiste-matérialiste ont raison d’être inquiets face au mouvement anthroposophique. Ils ont raison de s’y attaquer, car c’est un mouvement alternatif, certes discret, mais présent dans le monde entier, dont on peut dire actuellement qu’il a fait ses preuves depuis un siècle déjà. On reconnaît l’arbre à ses fruits, dit-on… L’anthroposophie est une pensée dont les fruits commencent à être reconnus. Pour preuve, la pédagogie Steiner est la pédagogie alternative la plus répandue au monde, et ce à travers différentes cultures – y compris en Israël (étonnant, pour une pédagogie « nazi »). Son péché, c’est d’éduquer les jeunes, non au conformisme, mais à la créativité et la liberté. La biodynamie est reconnue non seulement par les amateurs de bon vin, mais par des études scientifiques qui démontrent que le sol y est bien plus riche en micro-organismes ; son plus grand péché est sans doute de rendre les agriculteurs indépendants des engrais, pesticides chimiques et semences OGM. Il existe dans les pays voisins de la France (Suisse, Allemagne, etc.), des hôpitaux qui incluent la médecine anthroposophique en tant que médecine intégrative ; là, le péché c’est sans doute de réduire notablement les recettes de Big pharma. Cette pensée est inquiétante enfin sur le plan économique et social, en ce qu’elle est à l’origine des premières banques éthiques et qu’elle favorise le développement d’associations entre producteurs et consommateurs à petite échelle ; un système décentralisé, donc insaisissable pour la finance mondialiste qui vise un contrôle total de l’économie.
Que l’anthroposophie soit combattue comme le sont les « complotistes » est donc une bonne nouvelle. Cela permet de mieux comprendre les raisons de son dénigrement, et de distinguer plus clairement ses adversaires. Cela démontre en même temps que cette pensée est porteuse d’alternatives réelles… Et tellement réjouissantes !
Vendredi 10 mars 2023
Françoise Bihin
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