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 « Le problème le plus important de toute la pensée humaine : Saisir l'être humain en tant qu'individualité libre, fondée en elle-même »
Vérité et Science, Rudolf Steiner

   

Citation
  • « (…) notre science de l’esprit s’efforce d’évoquer la réalité du monde spirituel, non en termes généraux, mais avec précision par l’examen des différentes entités qui y vivent en réalité, et par la mise en évidence que tout ce qui advient entre la naissance et la mort est une création du monde spirituel. Or le chemin est long entre les pensées abstraites générales et vides et les lieux spirituels où l’on peut comprendre, en détail et concrètement, que la réalité sensorielle est une création de l’esprit (…). »

    Stuttgart, 26 avril 1918 - GA174b

    Rudolf Steiner
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Extrait du livre "LE CAS TOMBERG - Anthroposophie ou jésuitisme ?"
(Annexe II - Point 3 du livre en question)
Serge O. Prokofieff, Christian Lazaridès
Editions Branche Paul de Tarse - Illfurth 1998

Extrait publié avec l'aimable autorisation de Christian Lazaridès
Document PDF originel : PDF (scan)
Cet extrait fait partie d'une série de publications de Christian Lazaridès dénommée "La sorathisation de l'anthroposophie" (n°3)

Ndlr : les numéros et notes de page mentionnés dans ce texte se réfèrent à l’ouvrage mentionné ci-dessus.
Voir aussi sur le présent site deux extraits édifiants du même livre:
Robert Powell et Tomberg (et la prétendue nécessité d'un lien entre christianisme ésotérique et Église catholique)
Rudolf Steiner sur le jésuitisme (un aperçu)


Note de la rédaction (SL) : Dans un chapitre du livre « Le cas Tomberg. Anthroposophie ou Jésuitisme » (à l'annexe II point 3), Christian Lazaridès aborde spécifiquement l’argument chronologique qui est utilisé par certains tombergiens, dont Robert Powell, pour étayer l'identification entre Valentin Tomberg et le Bodhisattva. Au-delà du cas spécifique de Valentin Tomberg, l’étude de Christian Lazaridès s’avèrera particulièrement précieuse aussi pour apprendre à discerner et à déconstruire ce type d’argumentation mise en œuvre à l’égard d’autres personnalités encore, à qui sont attribuées des «qualités et identités spirituelles» impropres sur base de raisonnements chronologiques fallacieux. Remarquons au passage, que malgré les grossières falsifications opérées par Robert Powell et d'autres auteurs, relatées dans le livre précité, ainsi que ci-dessous et dans un autre extrait sur ce site, Robert Powell poursuit leur diffusion, y compris bien sûr à Dornach
(voir par exemple le texte de son intervention du 22 au 29 juillet 2022).

 

 

En lien avec le thème abordé dans le chapitre précédent il y a maintenant une autre question - ou une autre suggestion - que nous avons plusieurs fois effleurée et dont il s'avère nécessaire de dire quelques mots. C'est la question de l'identification de Tomberg audit Bodhisattva, qui est faite dans plusieurs mouvances tombergiennes. 

Je me limiterai toutefois à ce que j'appelle l'argument chronologique, car ce serait un beaucoup trop vaste sujet que de traiter de l'ensemble des corollaires de cette identification[1], et ce serait un sujet encore plus vaste que d'aborder ladite «question du Bodhisattva» en général, c'est-à-dire indépendamment du problème Tomberg[2]. Mais je pense que quelques considérations sur l'argument chronologique seront utiles au lecteur pour appréhender ce qui constitue de fait une partie importante du problème Tomberg - ou du «problème post-Tomberg» - et qui représente une suggestion occulte dont la carrière ne fait sans doute que commencer. 

Nous avions vu chez Robert Powell[3] une expression massive de cette identification. En fait ce sont pratiquement trois chapitres de son Hermetic Astrology[4] qui sont consacrés à un tel échafaudage chronologique pour justifier l'identification de Tomberg à celui qu'il appelle «le Maitreya» ou «le Bodhisattva Maitreya». Et cela sans jamais faire clairement l'assimilation, mais en menant une incroyable cachotterie qui va jusqu'à lui faire dire: 

«Ainsi, à travers les deux tomes de cet ouvrage sur l'astrologie hermétique, chaque fois qu'il est fait référence au Maitreya, cela est fait en relation avec la voie spirituelle l'hermétisme chrétien qu'il a ouverte au XX siècle. C'est sur la voie de l'hermétisme chrétien que peut être approché le mystère plus profond du Maitreya et non pas en cherchant à identifier quelque personnalité particulière[5]»

Alors que, sans arrêt, il évoque la biographie et les écrits de Tomberg, sans le nommer et en l'intitulant Maitreya. Absurde ! 

Michael Frensch aussi se défendait de vouloir identifier une personnalité particulière, et c'est donc sans évoquer l'identification de Tomberg au Bodhisattva qu'il a rédigé les longues considérations sur la fusion de l'Avatar et du Bodhisattva dont nous avons parlé plus haut. Quant à Martin Kriele, il a apparemment voulu rompre avec la cachotterie en publiant récemment un texte[6] dans lequel il exprime sa conviction de la manifestation du Bodhisattva en Tomberg et où il fait usage de l'argument chronologique dont je vais parler. Ajoutons que d'autres mouvances tombergisantes (W. Seiss, H. Keimeyer, G. Fontalba) - dont les méthodes s'apparentent à celles du channeling - font aussi cette identification et utilisent aussi cet argument chronologique.

 

Les indications chronologiques de Rudolf Steiner 

  Haut^

Étant donné que c'est sur des propos de Rudolf Steiner que les tombergiens cherchent à étayer l'identification en question, je commencerai par résumer - très brièvement - les propos qui sont le plus souvent utilisés à cette fin. 

Après quelques mentions générales à propos des Bodhisattvas faites au cours des premières années de son activité anthroposophique, c'est surtout en 1909, 1910 et 1911 (avec quelques prolongements en 1912 et 1913) que Rudolf Steiner parle de la sphère des douze Bodhisattvas, de leur rapport au Christ, et aussi du Bodhisattva particulier - le successeur du Bouddha Gautama - destiné à devenir vers l'an 4500 le Bouddha Maitreya[7]

I1 faut remarquer que cette évocation plus intensive des Bodhisattvas se fit autour de l'annonce de l'avènement éthérique du Christ, de la parousie en forme éthérique sur le plan astral, qui devait débuter à partir de 1933 mais qui se préparait depuis 1909 précisément[8]. Cette annonce occupa tout le premier semestre 1910 et se prolongea jusqu'en 1913. C'est dans ce contexte que Rudolf Steiner parla de la mission du Bodhisattva «actuel», pour ainsi dire, de celui qui s'était manifesté en Jeschoua ben Pandira environ un siècle av. J.-C. - annonçant alors dans les milieux esséniens la venue unique du Christ dans la chair - et qui, à partir du XXe siècle devait être l'annonciateur de l'avènement éthérique. 

«Et si l'essénisme doit être renouvelé à notre époque, si nous voulons vivre, non pas dans l'esprit d'une tradition en rapport avec un Bodhisattva ancien, mais dans le sens de l'esprit vivant d'un nouveau Bodhisattva, nous devons alors nous laisser inspirer par le Bodhisattva qui, un jour, deviendra le Bouddha Maitreya. Et ce Bodhisattva nous inspire en nous rendant attentifs au fait suivant : le temps approche où le Christ sous une forme nouvelle, dans un corps éthérique, va être une grâce pour les hommes qui développeront les forces nouvelles grâce à une nouvelle sagesse essénienne, à ce moment où adviendra pour les hommes de façon vivifiante, le retour du Christ dans le vêtement éthérique. C'est tout à fait dans le sens de l'inspiration du Bodhisattva qui doit devenir le Bouddha Maitreya que nous voulons parler. (..) C'est à partir des formulations que nous découvrons à partir de l'inspiration du Bodhisattva même que nous exprimons la manière dont doit se faire la prochaine manifestation du Christ[9]. » 

L'année suivante, en 1911, il sera beaucoup question de ce Bodhisattva - qui s'était donc exprimé en Jeschoua ben Pandira - dont l'activité est censée s'étendre sur 5000 ans, le XXe siècle étant précisément situé à la moitié de cette période. 

«Cela prend donc précisément cinq mille ans pour, de Bodhisattva, devenir un Bouddha. Lui qui s'est pratiquement incarné une fois tous les cent ans depuis lors [NdT. C'est-à-dire depuis 500 av. J-C. environ.], il est à nouveau incarné maintenant et il sera l'annonciateur proprement dit du Christ dans le vêtement éthérique, de la même manière qu'il annonça jadis le Christ en tant que Christ physique. Et beaucoup d'entre nous feront encore eux-mêmes l'expérience du fait qu'il y aura, dans les années trente et de plus en plus dans le cours ultérieur de ce siècle des hommes qui verront le Christ dans son vêtement éthérique[10] .» 

De quoi on peut conclure qu'en 1911 le Bodhisattva était incarné, ou du moins qu'était incarnée la personnalité destinée à être porteuse de ce Bodhisattva quelques années plus tard. Il fut aussi exprimé alors que c'est seulement après l'âge de 30 ans - l'expérience initiale se situant entre 30 et 33 ans - que le Bodhisattva peut s'exprimer à travers une personnalité. On se rappellera que nous étions alors, depuis 1909 précisément aussi, dans les débuts de l'affaire Krishnamurti - dans laquelle un enfant de 15 ans était présenté comme étant le véhicule du Bodhisattva, celui-ci étant en outre identifié au Christ - et que Rudolf Steiner amena des éléments permettant d'exercer le discernement par rapport à la substitution occulte qui était en cours à travers cette affaire. 

«Le Bodhisattva vit selon la vie du Christ, et ceux qui sont initiés savent que dans chaque incarnation il montre des caractéristiques tout à fait particulières. On remarquera toujours que dans la période qui va de la trentième à la trente-troisième année, un puissant bouleversement intervient dans sa vie. (..) Ce que tous les occultistes mentionnent en commun c'est qu'avant ce moment, avant cette transformation, on ne peut pas le reconnaître. Jusque-là, et bien qu'il consacre à toutes choses l'intérêt le plus vif, sa mission ne se manifeste pas particulièrement et, alors que le bouleversement se produira sûrement, on ne peut jamais dire ce qu'il adviendra de lui. Sa jeunesse est toujours complètement différente de ce en quoi il se transforme entre la trentième et la trente-troisième année[11]» 

Après 1912-1913, le sujet des Bodhisattvas entrera en sommeil pour une bonne dizaine d'années et ce n'est qu'à l'été 1923, à Penmaenmawr (Pays de Galles), qu'il refera une brève apparition[12], et dans une tonalité intéressante pour notre propos : 

«L'humanité attendra en vain la venue de l'un des successeurs des anciens Bodhisattvas. En effet, qu'un Bodhisattva soit présent ou pas pour l'humanité, cela dépend du fait que l'humanité lui apporte, ou pas, de la compréhension»[13]

«J'ai déjà signalé que le fait que des vérités doivent être amenées dans le monde n'est pas seul à considérer, mais qu'il s'agit aussi de savoir dans quelle mesure le monde veut accueillir cette vérité. J'ai indiqué de nombreux obstacles existant aujourd'hui et qui pourraient être exprimés, par exemple, en disant, ainsi que je l'ai déjà fait : le Bodhisattva attend, en effet, mais il faut d'abord que les hommes, en nombre suffisamment grand, se rendent capables de le comprendre»[14]

Entre-temps toutefois, à l'été 1921, on a la trace d'une discussion entre Rudolf Steiner et Friedrich Rittelmeyer (fondateur principal de la Communauté des chrétiens), au cours de laquelle il fut dit : 

«Si nous vivons encore quinze ans, nous pourrons en avoir quelque expérience. (..) Jeshu ben Pandira est né au début de ce siècle[15].» 

Dans le sens de la citation ci-dessus, l'expression du Bodhisattva était donc à attendre pour 1921 + 15 = 1936 environ. 

Si l'on «croise» ces diverses indications chronologiques, on peut envisager l'existence d'une personnalité née au début du siècle et qui était censée devenir porteuse de l'entité du Bodhisattva dans les années 30, c'est-à-dire en synchronicité avec les débuts de la parousie éthérique. Ce qui donne à entendre que, en 1910, lorsque Rudolf Steiner avait évoqué l'inspiration du Bodhisattva, il avait parlé du Bodhisattva dans sa dimension spirituelle et non pas de l'individualité incarnée - laquelle aurait été âgée alors de 9 ans ou 10 ans au maximum (1910 - 1901 = 9), l'individu potentiellement porteur du Bodhisattva ayant pu naître de 1901 à 1910, ce qui constitue «le début du siècle» proprement dit. Car il faut distinguer entre l'entité spirituelle du Bodhisattva et l'individualité qui en devient le porteur. 

Tel est le faisceau de présomptions sur lequel les tombergiens veulent étayer leur identification. 

 

Le syllogisme (ou la tautologie) des tombergiens 

  Haut^

Au regard des tombergiens : 

  • Valentin Tomberg est né en 1900 ; 
  • dans les années 30 il a fait des conférences ou écrit des textes dans lesquels il est question de l'avènement éthérique ; 
  • donc cela correspond parfaitement au Bodhisattva évoqué par Rudolf Steiner. 

Nous remarquerons les efforts particuliers de Robert Powell pour étayer cette correspondance chronologique. Il veut faire à tout prix de 1900 - année de naissance de Tomberg - l'année du début de l'Age Clair alors que l'échéance donnée par Rudolf Steiner est 1899. C'est ensuite pour les années 30 que les tombergiens cherchent à amener des éléments qui soient décisifs pour étayer l'identification de Tomberg au Bodhisattva. Charles Lawrie insiste, par exemple, sur l'importance de l'année 1938, au cours de laquelle Tomberg aurait abordé de façon plus intensive le thème de l'avènement éthérique : 

«L'année 1938 se présente, dans la vie de Valentin Tomberg, comme celle au cours de laquelle, en continuité et en adéquation avec le Dr Rudolf Steiner, il fit l'annonce de la Seconde Venue, de la Parousie du Christ décrite dans les Évangiles, cela à partir d'une connaissance directe, consciente[16]»

Et il n'en finit plus de mentionner les conférences faites par Tomberg à Bangor, c'est-à-dire près de Penmaenmawr, où Rudolf Steiner avait parlé des Bodhisattvas... 

Robert Powell, qui veut donc à tout prix faire cadrer de façon stricte son système chronologique, cherche quelque chose de significatif pour l'année 1933, et il semble avoir trouvé, dans des carnets inédits dont les contenus lui sont transmis de façon parcimonieuse par un mystérieux informateur. Il dégage de cela une citation, qui daterait du 3 juin 1933 et qui devient pour lui une sorte de pierre de touche de l'identification en question[17]

«Ce fut en 1933 que le Maitreya Bodhisattva, l'instructeur du Nouvel Age, atteignit l'âge de 33 ans. Parmi les notes de son journal le passage suivant, rédigé le 3 juin 1933, exprime quelque chose de son expérience intime quant au commencement de la Seconde Venue, du retour éthérique, c'est-à-dire du retour du Christ sur la Terre sous une forme éthérique (et non pas physique)[18].»

A tel point que dans des passages ou des articles ultérieurs, il se référera à Tomberg sous l'appellation de «le témoin de 1933» ou «le témoin russe de 1933[19].».

Retour aux contenus 

  Haut^

Bien entendu, on ne doit pas se laisser suggestionner par un tel jeu de coïncidences chronologiques. Ce serait de la logique à l'envers que d'établir une telle identification à partir de cela. Et c'est vers les contenus qu'il faut aller pour obtenir les éléments d'un jugement. 

Si c'est un fait que Tomberg a parlé dans les années 30 de l'avènement éthérique du Christ[20], il importe de considérer comment il en a parlé, et il y a même deux façons d'envisager ce comment. 

D'abord - et lui-même ne le cache pas à cette époque - il emprunte à Rudolf Steiner l'essentiel de ce qu'il dit. On peut dire qu'il s'agit d'une élaboration secondaire de contenus apportés par Rudolf Steiner, donc de littérature secondaire anthroposophique, respectable en tant que telle, mais que pouvait facilement rédiger quelqu'un ayant à sa disposition les indications de Rudolf Steiner, ce qui était le cas de Tomberg. Et ensuite, si l'on envisage les originalités ou bien les ajouts personnels introduits dans ces exposés, on peut constater qu'il y a là une certaine intellectualisation et une systématisation des contenus anthroposophiques, plutôt qu'un quelconque renouvellement ou enrichissement. 

Quant à la deuxième période de Tomberg, celle dite «catholique», il est à peine besoin d'en reparler. Tout notre travail a montré que cette œuvre de la deuxième période est habitée de forces parmi les plus hostiles à l'avènement éthérique du XXe siècle. D'ailleurs il abandonne alors complètement la référence à l'avènement éthérique - que ce soit directement ou que ce soit par quelque mention de Rudolf Steiner. L'avènement éthérique n'a plus place dans ses écrits, si ce n'est en contre-image, comme nous l'avons vu dans le rapprochement allusif et trompeur qu'il fait entre l'expérience de Damas et les Exercices spirituels des jésuites. 

Je ne vois donc strictement aucune raison valable de supposer une expression du Bodhisattva en Tomberg au niveau de la première période, et ensuite, au niveau de la seconde période, il y a par contre toutes sortes de raisons pour voir la manifestation d'une impulsion qui serait plutôt celle d'un «Anti-Bodhisattva» que d'un Bodhisattva. J'avais parlé, dans ma première partie, du «bodhisattvus jesuiticus», non pas alors pour qualifier Tomberg lui-même, mais pour qualifier le prétendu «Kalki-Maitreya» dont il prévoyait la venue et dont il voyait la préfiguration «grandiose» en Ignace de Loyola. Mais si, maintenant, des tombergiens veulent faire de Tomberg le Bodhisattva, cette appellation pourrait aussi très bien lui être appliquée, car il fut, à partir de 1943, l'apôtre zélé du jésuitisme occulte. 

Bien sûr, la question reste grande ouverte de savoir qui fut réellement le porteur du Bodhisattva à partir des années 30, avec aussi la question préalable de savoir si celui-ci a été en mesure de s'exprimer ou bien si, comme tant d'autres porteurs d'impulsions spirituelles du XIXe siècle et du XXe siècle, il en fut empêché. On sait de quoi la Mitteleuropa des années 30 - et tout spécialement en 1933 - fut la scène et l'on peut supposer que l'authentique Bodhisattva ne put exprimer publiquement ce qu'il avait à dire, cela pouvant aussi être mis en rapport avec l'absence de «compréhension» évoquée par Steiner les 29 et 31 août 1923. 

Suggestions en chaîne

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Maintenant, sans donc entrer dans tous les corollaires ou toutes les implications de cette suggestion chronologico-ésotérique, nous remarquerons que d'autres suggestions viennent se greffer sur elle. Et l'on peut suivre, chez Robert Powell, l'articulation de ces différentes suggestions. Je me limiterai à l'élément chronologique de notre propos. 

Powell élabore tout un système chronologique - à mon sens tout à fait artificiel - pour étayer la manifestation du Bodhisattva au XXe siècle et pour les 25 siècles suivants en la liant, de plus, à une finalité bien particulière, on ne peut plus tombergienne : l'intégration du christianisme ésotérique et du christianisme exotérique. Il utilise à cette fin le nom de Rudolf Steiner et des citations de lui détournées de leur sens. Par exemple : 

«Rudolf Steiner était conscient de la signification de son enseignement de l'anthroposophie dans son lien avec la tradition historique du christianisme : "L'anthroposophie voudrait que sa destinée ne fasse qu'une avec la destinée du christianisme[21]." Mais comment le christianisme ésotérique tel que celui représenté par Rudolf Steiner pourrait-il être intégré dans le christianisme exotérique de l'Église[22] ?» 

Bien entendu, cela n'engage que Powell et ses collègues tombergiens que de passer ainsi du mot «christianisme» à «christianisme exotérique», puis à «Église», en un tel processus de réduction. Dans la conférence de Steiner dont il extrait la citation il n'y a strictement rien qui justifie d'appliquer ces paroles à l'Église catholique. 

Dans le cadre d'une curieuse élaboration astrologique-chronologique qui relie l'année 1933 à l'année 4433 - ou 1923 à 4443 -, l'auteur en arrive à ce genre de conclusion : 

«Envisagé dans ce contexte historique, le Congrès de Noël {NdT 1923] eut lieu dix ans avant le début de la Seconde Venue [NdT. 1933], comme un héraut de cet événement. Et, ensuite, l'image en miroir de ce Congrès de Noël annonçant le Nouvel Age (l'Age de la Seconde Venue), c'est l'incarnation du Maitreya Bouddha [NdT 4443; d'après Powell], qui surviendra dix ans après la fin du Nouvel Age, et pour proclamer le "Nouvel Age" [NdT 4433, d'après Powell], et pour proclamer le "Nouvel Age" suivant, celui au cours duquel le Christ agira directement depuis le Soleil dans l'aura astrale de la Terre[23]

Il faut bien voir que nous avons là une métamorphose de la suggestion chronologique émise par Tomberg lui-même et qui m'avait conduit à mon «bodhisattvus jesuiticus». Il y a là un incroyable enchaînement de suggestions, au sein desquelles l'impulsion anthroposophique se trouve comme verrouillée, attelée par toutes sortes de liens et de ficelles à des forces totalement antinomiques de son essence. Le Congrès de Noël se trouve mis de force dans une polarité totalement artificielle. Dans ce sens, il me faut mentionner brièvement aussi une autre suggestion chronologique omniprésente chez Powell : celle concernant le New Age, la notion de Nouvel Age, qui est ici identifié à une période de 2 500 ans (correspondant en gros à l'Age Clair indiqué par Rudolf Steiner), et correspondant donc à toute la seconde moitié de l'activité du Bodhisattva. L'auteur prétend se démarquer du New Age dans son acception la plus répandue et il prétend aussi ne pas épouser l'identification de ce New Age à l'Ère du Verseau. Mais il fait cela de telle manière qu'il aboutit à un système mixte, encore pire que la solution New Age courante. Le système chronologique hybride dans lequel il situe l'Ère du Verseau correspond tantôt à la détermination de Rudolf Steiner, tantôt à celle de l'astrologie habituelle[24], et ce système conduit par exemple Powell à des déterminations du genre : 

«Cela durera aussi longtemps qu'il continuera à s'incarner sur Terre, jusqu'à son incarnation en tant que Maitreya Bouddha à la fin de l'ère astrologique du Verseau[25]

Dans ce cas il semble bien cautionner la chronologie de l'astrologie courante. Cette ambiguïté permanente vis-à-vis du New Age se manifeste par un hommage - sans ambiguïté quant à lui - à David Spangler, l'une des figures de proue de la mouvance New Age/Verseau des années 70 et dont la conception du Christ est des plus aberrantes. 

«Ailleurs David Spangler indique que certaines des révélations à lui communiquées depuis le monde spirituel furent transmises par le Maitreya[26].» 

«Il est évident dans la mesure où il est question de David Spangler que le mouvement du New Age doit être envisagé en relation avec la Seconde Venue et avec la mission du Maitreya qui s’y rattache[27].»

Powell fait ici avec D. Spangler ce que faisait Frensch avec A. Bailey. Ces deux autorités du Nouvel Age sont d'ailleurs intimement reliées, car d'une part, Alice Bailey/Tibétain est la référence principale en matière de Nouvel Age et d'Ère du Verseau, Spangler étant une sorte de vulgarisateur de ces suggestions à la génération suivante ; d'autre part, explicitement Spangler se rattache essentiellement à Alice Bailey pour la définition de son «Christ», avec, chez lui aussi, la notion d'une entité supérieure au Christ, entité pour laquelle le retour du Christ ne serait qu'une sorte de support ou de tremplin. On a, en outre, un exemple récent de la catastrophe à laquelle aboutissent de tels amalgames de l'anthroposophie avec le Nouvel Age et l'Ère du Verseau dans le livre de Richard Leviton The Imagination of Pentecost[28]lequel est préfacé par David Spangler précisément. 

La référence de Robert Powell à David Spangler sert aussi à renforcer le système chronologique. D'après Spangler, en effet, aurait eu lieu en 1967 un événement crucial, en rapport avec l'entité qu'il appelle «Amour Infini et Vérité» et dont il se présente comme le messager ou le médium: 

«En 1961, une suite de phénomènes qui se produisirent dans le monde entier, mais centrée en Grande-Bretagne, commença à se manifester. En relation avec ces phénomènes il y eut l'apparition d'une Présence qui se fit connaitre simplement comme Amour Infini et Vérité. Cette présence annonça que, au jour de Noël 1967, Amour Infini et Vérité se serait révélé à l'univers à travers l'évolution nucléaire. (...) Le 31 décembre Amour Infini et Vérité annonça: "Ma révélation universelle, à travers l'évolution nucléaire, est complète (...) La totalité de l'énergie nucléaire est moi et toute ma puissance complètement sous mon contrôle (...) L'Amour Universel se répand de plus en plus. Tout est bien[29]].»

«A la veille de Noël 1967, l'initiation de la Terre était complète. Le transfert des énergies de l'ancien plan éthérique dans le nouveau était suffisant ; des bénédictions cosmiques avaient été apposées à la Terre. Le Christ, emprisonné dans le tombeau de la matière depuis près de 2000 ans, était monté aux cieux et s'était uni au Christ Cosmique apportant de nouvelles énergies. Le Nouvel Age était né[30]. » 

Et c'est donc cette date de Noël 1967 que Powell s'efforce de mettre en relation avec l'année 1933, étant donné - de plus - que c'est en 1967 que ledit «témoin de 1933» [Valentin Tomberg] a achevé ses Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot. Tout s'articule merveilleusement... et Rudolf Steiner, Valentin Tomberg et David Spangler sont mis bout à bout, tels les grains d'un bien étrange chapelet : 

«Mais, en dehors de Rudolf Steiner qui fut un héraut du Nouvel Age dans sa dimension cosmique et qui prophétisa, dès 1910, le début de la Seconde Venue pour les années 30, en dehors du témoin de 1933 qui décrivit le commencement de la Seconde Venue dans l'aura éthérique de la Terre, et en dehors de David Spangler qui porta témoignage, en 1967, de la culmination de la première période de 33 1/3 ans, y en eut-il d'autres qui eurent l'expérience du Ressuscité au XXe siècle[31]? » 

Powell cite des passages de Spangler dans lesquels il est question du «Christ revêtu d'énergie éthérique», mais cette lointaine ressemblance avec les indications de Rudolf Steiner s'avère totalement superficielle et artificielle. Si l'on va au contexte de ces passages, on constate que le «Christ» évoqué là est une totale caricature de l'avènement éthérique et que, par contre, il se lie parfaitement à l'alchimie antichristique d'Alice Bailey/Tibétain concernant leur «Christ» et leur «Avatar de Synthèse». Voici quelques exemples de la tonalité et des contenus des messages de l'entité «Amour Infini et Vérité», plus ou moins identifiée au Christ par Spangler. 

Le 5 août 1970: 

«Je suis l'Amour infini. J'embrasse tout ce qui vit. J'aide à la descente d'un Être venant d'au-delà de cette planète et qui porte en Lui les énergies de tous les règnes de la vie, car notre nom est Unité, Communion[32]» 

Le 18 août 1970 est posée la question suivante : 

«En novembre 1961, Vous avez déclaré que les conditions mondiales donneraient le jour à une situation aboutissant à l'introduction d'une invention nucléaire qui amènerait ce que Vous appeliez l'épisode final au niveau humain. Vous avez également parlé d'un conflit entre les nations qui éclaterait brusquement à la suite d'une guerre débutant en Asie et s'étendant au monde occidental, et Vous avez exposé qu'une invention humaine où il suffit de presser un bouton serait utilisée et que, au moment même où ce bouton serait pressé, au lieu du désastre, la Révélation universelle surviendrait. Nous apprécierions tout éclaircissement possible sur le sens et les implications de cette déclaration[33]

Ce à quoi ledit «Amour Infini et Vérité» répond entre autres choses : «Jusqu'à présent, vous n'avez été les témoins que du jeu de la forme sur la forme et de la destruction de la forme par d'autres formes de nature matérielle. Maintenant vous avez introduit dans votre monde des énergies au-delà de la forme, au cœur de la forme, des énergies nucléaires, des énergies subtiles, et pour la première fois, vous pouvez libérer ces énergies pour jouer directement sur la forme. Je Me suis proclamé et révélé dans ces énergies. Elles sont de Moi. Je forme la substance de votre monde Je ne peux pas Me retourner contre Moi-même[34]» 

Le 3 septembre 1970 : 

«Je suis Amour Infini et Vérité. Je suis le corps d'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre. Si Je suis ce corps, alors le nouveau ciel et la nouvelle terre doivent manifester Mes caractéristiques, et toute chose qui ne manifestera pas Mes caractéristiques n'est pas et ne sera jamais du nouveau[35]»

«Je suis maintenant le corps de la terre. Je suis ce niveau fondamental d'énergie duquel même le noyau de votre structure atomique physique doit tirer son soutien, s'il ne veut pas s'effondrer et devenir purement éthérique. Toutes les manifestations physiques d'énergie doivent maintenant faire dériver leur Être de Moi et Je les contrôle toutes. (..) J'ai sous Mon autorité toutes les sources d'énergie desquelles vous tirez de manière ultime votre existence physique. Toute forme physique qui ne peut pas se nourrir de Moi s'arrêtera tout simplement de vivre[36]»

«Alors la révélation sera vraiment vivante sur la terre et le nouveau ciel et la nouvelle terre seront manifestés apportant la véritable guérison, la vraie exaltation et le parfait accomplissement de toute l'humanité, et le départ de la nouvelle humanité vers une fraternité cosmique, un héritage cosmique et une destinée au sein de l'infini[37]

D'autant plus inquiétant lorsque Robert Powell annonce un congrès aux Etats-Unis en collaboration avec David Spangler sur le thème «Un nouveau ciel et une nouvelle Terre. Réimaginer le monde à la lumière de la Sophia[38]», sous l'égide de la Société anthroposophique en Amérique! Car on peut attendre le pire d'un tel mariage entre le tombergisme le plus délirant et le New Age le plus fumeux. 

Voilà de quelle manière des suggestions concernant le prétendu «Bodhisattva-Tomberg» se trouvent intriquées avec d'autres suggestions qui concernent le «Christ» du Nouvel Age ou du Verseau et qui sont fondamentalement antichristiques. 

 

La substitution occulte du Bodhisattva 

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Pour conclure, je voudrais indiquer quel est - selon moi - le problème sous-jacent à toutes ces suggestions tombergiennes et post-tombergienne autour du thème du Bodhisattva. 

Je pense qu'il est bien clair pour tous les lecteurs que, depuis 1933 en particulier, toutes sortes de courants antichristiques œuvrent à la substitution occulte du Christ. Et cela de plusieurs manières : 

  • par la préparation de la manifestation physique d'un personnage intitulé«Christ» ; 
  • par la substitution du Christ à des niveaux suprasensibles, en particulier au niveau éthérique ; 
  • par des systèmes combinant les deux aspects. 

Le problème du Bodhisattva est intimement lié à ces manœuvres et, là encore, de plusieurs manières : 

  • par exemple, comme nous l'avons vu chez Alice Bailey/Tibétain, au moyen de l'identification de «Maitreya» au «Christ» - une double falsification -, ce qui était déjà le cas dans l'affaire Krishnamurti et comme on le retrouve chez Spangler et tant d'autres annonciateurs du Nouvel Age ; 
  • ou bien - tout en opérant une distinction entre le Bodhisattva et le Christ - par des substitutions occultes du Bodhisattva lui-même. 

De plus, entre ces familles de manœuvres ou de suggestions, il peut y avoir toutes sortes de glissements, comme on a pu le constater précisément dans les amalgames propagés par les milieux post-tombergiens.

Il faut bien voir que, concernant les échéances occultes en général, et plus particulièrement donc celles liées à l'avènement éthérique (1909, 1933, 1945, fin du Xxe siècle), Steiner donne clairement à entendre que les courants occultes problématiques - ce que j'appelle l'ésotérisme de manipulation - les connaissent tout aussi bien que les courants justes - ce que j'appelle l'ésotérisme de liberté. En bref, les uns et les autres sont en possession du même calendrier occulte et c'est à partir de là que chacun tente d'ancrer à des moments-clés des impulsions, des faits, des êtres. Ce qui veut dire que le simple raisonnement à partir des dates n'offre qu'un matériau neutre, et que c'est là en fait que commence le véritable travail de discernement. 

Il est intéressant de noter, dans ce sens, qu'un autre personnage né en 1900 est, lui aussi, présenté par certains comme ayant été le Bodhisattva et là encore, des arguments empruntés à l'anthroposophie sont utilisés pour opérer cette identification. Il s'agit d'une valeur sûre de l'ésotérisme de manipulation en France: Michaël Aïvanhov (1900-1986).[39]

Cette identification est opérée dans des milieux issus de la Fraternité Blanche Universelle et aussi dans des milieux se rattachant à G. Fontalba, lequel fut un temps proche de Aïvanhov, ou encore par P.Lassalle[40]. Là encore, comme pour Tomberg, sont mis en relief des faits vécus par Aïvanhov dans les années 30. 

Car il est clair que, si des fraternités occultes particulières ont pour but d'opérer une substitution occulte de l'impulsion du Bodhisattva, elles vont le faire à travers un ou des personnages dont les données biographiques collent au plus près de celles du porteur authentique de l'impulsion. Elles savent exploiter à fond les coïncidences chronologiques, et même les créer, les fabriquer. Le jeu avec les données chronologiques fait partie - par excellence - de la confection des «ilots d'erreur inextricable» dont il a déjà été question. 

Ce problème, dont nous observons certains avatars au cours du XXe siècle, n'en est qu'à ses débuts car il est assez évident que si – comme l’affirme Rudolf Steiner - l'authentique Bodhisattva se réincarne ou se manifeste pratiquement au cours de chaque siècle, nous ne cesserons d'avoir chaque fois des situations comparables, toutes sortes de tentatives de substitution occulte du Bodhisattva. 

C'est dans ce sens aussi que le problème Tomberg méritait une attention particulière, car il se situe au départ de la seconde moitié du temps du Bodhisattva et il prend donc valeur de prototype. Comme nous l'avons amplement décrit, cette suggestion a une tonalité qui nous oriente vers le jésuitisme occulte. Mais l'on a vu aussi qu'à partir de cette tonalité, disons «jésuito-hermétique», la suggestion pouvait très bien se lier à des tonalités plus New Age, ou anglo-américaines, ou bien encore orientales, de ces manœuvres de substitution. Car ce combat autour de l'identité du Bodhisattva s'étendra, de siècle en siècle, de décennie en décennie, pendant le 2 500 ans à venir - toute l'Ère des Poissons (c'est-à-dire jusqu'en 3573) et un peu plus du premier tiers de l'Ère du Verseau (jusque vers l'an 4500). S'emparer de l'identité du Bodhisattva, voler son nom, s'approprier sa mission, c'est prendre possession d'une clé majeure, c'est contrôler une voie d'accès essentielle à la parousie éthérique du Christ et, pour les ésotérismes antichristiques, c'est un outil stratégique permettant toutes sortes de mainmises sur les âmes. 

On peut constater en même temps le même type de combat autour de l'identité de ce que l'on pourrait appeler un «nouvel essénisme» - dans le sens de la citation de Steiner du 10 septembre 1910 donnée plus haut. Là aussi toutes sortes de courants néo-esséniens veulent implanter, soit des essénismes périmés, soit des contenus de substitution subtilement élaborés. Il est évident que tout le message du Tomberg-deuxième période est la contre-image absolue d'un réel nouvel essénisme. 

Voilà en quoi le problème Tomberg et le problème post-Tomberg - les deux étant inextricablement enchevêtrés justement par cette identification au Bodhisattva - représentent un appel au discernement des esprits. 

Strasbourg, janvier/avril 1996 (revu en septembre 1997) 

 

Notes

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[1] Voir note 20 de la première partie du livre "Le cas Tomberg - Anthroposophie ou Jésuitisme". 

[2] Voir Elisabeth Vreede, Thomas Meyer, Die Bodhisattvafrage, Basel 1989; Karl Heinrich Uhlenried, Rudolf Steiner und die Bodhisattva-Frage, Freiburg im Breisgau 1994

[3] Dans ma première partie, p. 31. [p. 31 du livre "Le cas Tomberg - Anthroposophie ou Jésuitisme" : on trouve cette page 31 au début de cet article sur le présent site: Robert Powell et Tomberg (et la prétendue nécessité d'un lien entre christianisme ésotérique et Église catholique)

[4] Vol.I, Chap.3 : «Evolution in the Light of Hermetic Astrology», pp. 52-92; Vol.l, Appendix Il : «The Second Coming», pp. 307 328; Vol.IT, Chap.9: «The Second Coming and the New Age», pp. 327-353. 

[5] Hermetic Astrology, Vol.l, p. 78.

[6] Voir note 20 de ma première partie (cfr. note 1)

[7] Rudolf Steiner, Der Christus-Impuls und die Entwickiung des Ich-Bewusstseins (GA 116), Dornach 1982; Das Matthäus-Evangelium (GA 123), Dornach 1988; Das esoterische Christentum und die geistige Führung der Menschheit (GA 130), Dornach 1995; etc. En français: L'impulsion du Christ et la conscience du Moi, Paris 1985 (T); L'Évangile de saint MatthieuParis 1981 (T) ; Le christianisme ésotérique et la direction spirituelle de l'humanitéGenève 1989 (EAR) ; etc.

[8] Rudolf Steiner, Les trois rencontres de l'âme humaineGenève 1985 (EAR), conférence du 6.2.1917.

[9] Rudolf Steiner, L'Évangile de saint Matthieu, Paris 1981 (T), conférence du 10.9.1910. 

[10] Rudolf Steiner, Le christianisme ésotérique et la direction spirituelle de l'humanité, Genève 1989 (EAR), conférence du 4.11.1911 .

[11] Ibid., conférence du 5.11.1911.

[12] Rudolf Steiner, La connaissance initiatiqueParis 1997 (T), conférences des 26, 28 et 29.8.1923. 

[13] Ibid., conférence du 29.8.1923.

[14] Rudolf Steiner und die Zivilisationsaufgaben der Anthroposophie [Rudolf Steiner et les tâches de l'anthroposophie dans la civilisation] (Ed. Marie Steiner), Domach 1943, allocution du 31.8.1923.

[15] Cité dans Elisabeth Vreede, Thomas Meyer, Die Bodhisattvafrage, Basel 1989, p. 165. 

[16] Charles Lawrie, «Valentin Tomberg: some facts, some questions», Shoreline n° 2 ( 1989), p. 52.

[17] Hermetic Astrology, Vol.I, pp. 324-327 et note 12.

[18] 71 Ibid., p. 324. 

[19] Robert Powell donne alors, sur plus de deux pages (pp. 324-327), des extraits de ce texte du 3 juin 1933. Sur la base de données de Rudolf Steiner concernant l'avènement éthérique du Christ, Valentin Tomberg fait des conjectures en rapport avec les différentes hiérarchies spirituelles, les sphères planétaires et les sphères de l'intérieur de la Terre, et cela donne l'esquisse d'une sorte de chronologie de la Seconde Venue, chronologie que Powell, précisément, se donnera pour tâche de développer. Il y a aussi, dans ce texte de Tomberg, des idées plutôt curieuses concernant les implications de la Venue éthérique dans le domaine des phénomènes naturels ou dans celui des événements historiques. 
Dans ces considérations de Tomberg, je vois au moins deux tendances problématiques : d'abord une tendance à la systématisation qui me paraît figer et mécaniser l'avènement éthérique du Christ, cela aboutissant à une «spatialisation» inadéquate de cet événement ; ensuite une tendance à caractériser cet événement plutôt dans le sens d'une nouvelle révélation, transformant «d'en haut» la vie humaine, que comme une expérience vers laquelle «c'est à l'humanité de monter», selon la formule de Rudolf Steiner le 25 janvier 1910 à Karlsruhe (GA 118). 
Mais, en tout cas, je ne vois là ni la profonde originalité, ni la marque d'une expérience spirituelle directe et personnelle, que les tombergiens veulent y voir. 
Voici quelques passages de ce texte du 3 juin 1933 : 

«( ... ) La descente commença avec le début de l'Ère de Michaël (1879). Cela commença, à cette époque, par le passage du Christ à travers la deuxième Hiérarchie. Les Kyriotétès le reçurent sans obstacle. Et de même les Exousiaï. Mais, lors du passage à travers les Dynamis, il fut retenu par une résistance qui apparut avec cette Hiérarchie. Ce fait se refléta sur terre dans la guerre russo-turque, qui aurait facilement pu dégénérer en une guerre mondiale. Dans la troisième Hiérarchie, de la résistance apparut lors du passage à travers les Archanges. Cet événement se refléta sur terre en tant que Première guerre mondiale (1914-1918). En 1920 le Christ entra dans la sphère des Anges. Depuis 1932, il est important que soit fait le nécessaire pour que le Christ puisse apparaître dans le domaine terrestre (…) Habituellement, le retour éthérique du Christ est imaginé comme signifiant joie et bonheur pour l'humanité. Mais la réalité sera tout autre. Au départ ce ne seront pas de la joie et du bonheur qui seront ressentis mais de la honte. Un sentiment de honte sous une forme élémentaire puissante s'emparera des hommes. L'être humain prendra conscience de toutes ses faiblesses, et personne ne pourra le consoler. Des êtres humains iront alors chercher du réconfort dans la nature. On pourra ainsi voir quelqu'un aller vers un arbre pour chercher là du réconfort et, se tenant là, pleurer amèrement. (…) la nature deviendra bonne et elle fera rayonner à nouveau de la confiance et de la douceur au lieu de la crainte et de la méfiance comme c'est aujourd'hui le cas. (...) Des changements extraordinaires seront perceptibles dans l'atmosphère. Il y aura des régions dont l'air sera apte à guérir de nombreuses personnes elles seront guéries de leurs maladies grâce à l'air qu'elles respireront (…) Des changements dans le comportement de certains enfants se manifesteront par des voies surprenantes et mystérieuses. Ainsi, il pourra arriver qu'un groupe d'enfants qui jouent deviendra tout à fait calme et se tiendra là sans un geste et dans un profond silence pour un moment 

(…

Même si le communisme existe encore en Russie, de remarquables événements se produiront dans la vie scolaire de la Russie communiste. Là des groupes importants d'enfants auront soudain l'expérience de quelque chose au sujet de quoi ils ne sauront que dire mais qui les mettra dans une attitude intérieure de vénération et de dévotion. 

Le Christ se déplacera de l'Occident vers l'Orient selon des lignes en forme de vagues. Il commencera en Amérique et continuera à travers l'Europe, vers le nord-est de l'Europe. De là il poursuivra vers l'est jusqu'en Chine, là où la résistance est la plus forte. Sa venue ne se fait pas de façon simultanée pour toutes les régions de la Terre mais progresse pas à pas. (…)» (Cité d'après Robert Powell, Hermetic Astrology, Appendice II «The Second Coming») 

Pour celui qui a une bonne connaissance de ce thème dans l'œuvre de Rudolf Steiner, il est évident que ces déclarations de Tomberg contredisent de maintes manières les données essentielles de Rudolf Steiner concernant la manifestation éthérique du Christ à partir de notre époque. 

[20] On notera qu'en réalité, au cours de cette période de dix ans, Tomberg n'a que très peu parlé du «retour éthérique». Les quelques passages concernant ce thème sont les suivants: 
- le passage, datant de 1933, d'un journal occulte dont le texte original allemand n'est pas publié à ce jour. C'est le passage dont il a été question dans la note précédente. 
- deux mentions fugaces : l'une dans les Geisteswissenschoftliche Betrachtungen über die Apokalypse des Johannes (1938) et la seconde dans la cinquième conférence du cycle Über die innere Entwicklung des Menschen (1938). 
- une brève mention dans la dernière conférence du cycle de quatre conférences faites à Bangor (Pays de Galles) en 1938 (voir Shoreline, 1992, p. 5 l). 
- les deux dernières conférences du cycle Die vier Christusopfer (1939); c'est la seule fois où le thème est présenté un peu plus en détail. 
En ce qui concerne la seconde période de sa vie, Tomberg n'a plus parlé de ce thème. 

[21] Les paroles de Rudolf Steiner utilisées par Robert Powell se trouvent dans la conférence du 17.5.1923 (GA 226) et sont en fait: «(...) le destin de l'anthroposophie voudrait en même temps être celui du christianisme.»

[22] Voir l'ouvrage cité dans la note 70 (= note 70 du livre "Le cas Tomberg - Anthroposophie ou Jésuitisme"), p. 316.

[23] Ibid., p. 319.

[24] Sur ces questions de chronologie des ères zodiacales voir mon livre Vivons-nous les commencements de l'Ère des Poissons ?Genève 1989 (EAR).

[25] Voir note 70 (= note 70 du livre "Le cas Tomberg - Anthroposophie ou Jésuitisme"), p. 79.

[26] Ibid., p. 79.

[27] Ibid., p. 80.

[28] Voir note 53 de ma première partie (du livre "Le cas Tomberg - Anthroposophie ou Jésuitisme")

[29] David Spangler, Révélation. La naissance d'un Nouvel Age ( 1971 ), Chamarandie 1982, p. 114. 

[30] Ibid., p. 116.

[31] Hermetic Astrology, Vol.II, p. 339.

[32] David Spangler, Révélation... , pp. 55 sq.

[33] Ibid., p. 59.

[34] Ibid., pp. 59 sq.

[35] Ibid., p. 69.

[36] Ibid., p. 70.

[37] Ibid., p. 76.

[38] D'après l'annonce, la réunion aura lieu en août 1996 à Great Barrington, Massachusetts, USA. 

[39] Créateur de la «Fraternité Blanche Universelle» (FBU). De façon intéressante, M. Kriele, dans son livre récent (voir note 1 [ (de l'annexe II du livre "Le cas Tomberg - Anthroposophie ou Jésuitisme")]), parle de Aïvanhov comme d'un «très important initié» (p. 217) !

[40] Pierre Lassalle, auteur, entre autres, de L'expérience du Christ (Comment le rencontrer dans le monde éthérique), Ottawa 1996, et de Initiés et Mystères (Révélations sur l'impulsion christique), Ottawa 1997, vient s'ajouter à Fontalba et Petri/Aïssel - pour n'évoquer que ce qui se passe en France - pour réaliser un nouveau genre de récupération occulte des contenus anthroposophiques, fondé sur un pillage éhonté de l'œuvre de Steiner, doublé d'un processus assez complexe d'appropriation suprasensible.

 

 

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