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- Écrit par : Rémi Mogenet
Rudolf Steiner a un jour effectué une conférence entièrement sur Joseph de Maistre – dont quelqu'un trouvera peut-être les références, mais qui m'a été donnée, imprimée, par le regretté Jean-Marc Dérobert après que j'ai eu fait moi-même une conférence sur le philosophe savoyard du XIXe siècle à l'école Steiner de Genève. Je connaissais les affirmations de Michel Joseph selon lesquelles Joseph de Maistre avait corrompu la belle spiritualité russe et suscité le communisme lorsqu'il avait vécu à Saint-Pétersbourg, et il est possible que Steiner soit allé aussi dans ce sens, et qu'on puisse également m'en donner les références. Mais quoi qu'il en soit, dans la conférence que j'ai mentionnée Steiner était plutôt élogieux, à l'égard de l'auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg – et cela jette certainement un défi aux anthroposophes français, plutôt situés dans le camp idéologique opposé à celui du philosophe de la Contre-Révolution. On peut dès lors se demander à quel titre Steiner lui trouvait des qualités, lui qui a si souvent parlé contre les Jésuites.
- Écrit par : Rémi Mogenet
J'ai évoqué précédemment le mouvement de science catholique qui a essayé de se développer au XIXe siècle dans la foulée d'un romantisme qui prétendait à la fois revenir aux sources du christianisme, dans l'esprit de Chateaubriand, et embrasser la science moderne qui s'était imposée avec la philosophie des Lumières – et dont les prêtres lucides savaient qu'on ne pouvait pas l'effacer d'un trait. C'est exactement cet esprit d'« encyclopédisme chrétien » dont s'est réclamé le premier romantisme allemand, avec Novalis et Friedrich Schlegel, et auquel ont finalement participé plusieurs prêtres catholiques, tel Carl August von Eschenmeyer (1768-1852). Or, dans le duché de Savoie, revenu au roi de Sardaigne en 1815, une impulsion comparable, à l'échelle du pays, se développe bientôt. L'Académie de Savoie, créée en 1820, prétend ramener la science des Lumières vers les vérités divines, et rétablir une « saine raison » qui s'accorde avec la théologie de saint Thomas d'Aquin. On se prend à étudier la nature pour y observer, en même temps que les propriétés constantes de la matière, les principes chrétiens – et de vraies avancées sont produites, même si certains matérialistes voudraient que cela ne soit pas le cas.
- Écrit par : Christian Lazaridès
Note de la rédaction (SL) : Dans un chapitre du livre « Le cas Tomberg. Anthroposophie ou Jésuitisme » (à l'annexe II point 3), Christian Lazaridès aborde spécifiquement l’argument chronologique qui est utilisé par certains tombergiens, dont Robert Powell, pour étayer l'identification entre Valentin Tomberg et le Bodhisattva. Au-delà du cas spécifique de Valentin Tomberg, l’étude de Christian Lazaridès s’avèrera particulièrement précieuse aussi pour apprendre à discerner et à déconstruire ce type d’argumentation mise en œuvre à l’égard d’autres personnalités encore, à qui sont attribuées des «qualités et identités spirituelles» impropres sur base de raisonnements chronologiques fallacieux. Remarquons au passage, que malgré les grossières falsifications opérées par Robert Powell et d'autres auteurs, relatées dans le livre précité, ainsi que ci-dessous et dans un autre extrait sur ce site, Robert Powell poursuit leur diffusion, y compris bien sûr à Dornach (voir par exemple le texte de son intervention du 22 au 29 juillet 2022).
- Écrit par : Albert Schmelzer
Dans son introduction critique à la pédagogie Waldorf, Ullrich en vient à une évaluation ambivalente de l’école Waldorf : en elle vit selon lui : « une pratique remarquable et en même temps une théorie douteuse » La contribution suivante explore la seconde partie de cette affirmation. Elle ne prétend donc pas évaluer toute l’ampleur de l’ouvrage d’Ullrich et le remettre en question de manière critique — ceci a déjà eu lieu dans la recension de Jost Schieren. Elle se concentre plutôt sur deux thèmes : la réflexion sur la position de l’anthroposophie au plan de la théorie scientifique [en vigueur, ndt] et l’analyse de l’affirmation d’Ullrich que la psychologie du développement de Steiner serait pré-scientifique et à ranger comme un « anachronisme psychologique ».
- Écrit par : Johannes Wagemann
Résumé : Dans quel rapport se tiennent mutuellement mystique et science ? Pour clarifier cela, on sonde le concept de Protoscience dans ses couches de signification ambivalentes. Cela permet, tout en reliant mystique et science, de mettre aussi en évidence les caractères les éloignant l’une de l’autre : alors que la science actuelle, en considération de sa relation aux objets physiques, se rattache foncièrement à des manières de voir et pratiques mystiques (par exemple en référence à l’alchymie et l’astrologie), elle se démarque véhémentement de l’implication mystique de la conscience humaine et de sa quête spirituelle de Dieu. Cette démarcation encourage, d’une part, la marche triomphale de la science (naturelle) moderne, accompagnant la naissance de l’auto-conscience de l’époque moderne dans sa propre gouvernance et dans le sérieux de son investigation expérimentale méthodique. D’autre part, Il devient évident qu’une élimination totale des aspects plus profonds, rationnellement non saisissables, de la conscience, n’a pas été atteinte, ni n’est non plus exécutable. À l’appui d’exemples, on élucide comment un penser et un agir motivés par la mystique, peuvent être indiqués en tant qu’expression symbolique de ces forces de conscience-là précisément, que la science actuelle rend principalement d’abord possibles. Ceci s’effectue sur l’arrière-plan d’une investigation immanente de la conscience permettant d’unir la revendication existentielle-empirique holistique de la mystique d’avec un concept de recherche méthodiquement élaboré. Une telle forme nouvelle de recherche est appelée pour cela à estimer la mystique aussi bien dans sa scientificité actuelle avant-coureuse et immature, qu’à reconnaître son potentiel renvoyant dans un futur lointain à une culture scientifique transrationnelle et à la réaliser sous une forme conforme à l’époque.
- Écrit par : Jost Schieren
[l'expression champ de tension(*) est aussi possible, comme dans la version allemande ndt]
Parmi les universitaires de l’éducation, l’enseignement Waldorf tend à être vu avec un degré considérable de scepticisme critique. Cette critique n’est pas focalisée sur l’enseignement, en tant que tel, mais sur la vision du monde qui est derrière, à savoir, l’anthroposophie. Prange (Prange, 1985, 2005), Ehrenhard Skiera (Skiera, 2009), sans parler de Heiner Ullrich (Ullrich, 1986, 1988, 2015), tous insistent de façon pénétrante sur le fait que la dépendance de l’enseignement Waldorf de l’anthroposophie la rend inacceptablement, « grevée d’une vision du monde ».
- Écrit par : Jost Schieren
Recension de l’ouvrage d’Heiner Ullrich : Pédagogie Waldorf. Une introduction critique, 182 pages. Beltz-Verlag — Weinheim, Bâle 2015. Le pédagogue scientifique Mayençois, Heiner Ullrich, s’occupe depuis plus de trente ans de l’école Waldorf. Dans son mémoire de thèse de l’année 1986, « Pédagogie Waldorf et conception occulte du monde ». Une confrontation philosophique de l’éducation avec l’anthropologie de Rudolf Steiner » (Ullrich 1986), il s’explique déjà avec les bases anthroposophiques de la pédagogie Waldorf. Dans les publications suivantes, il s’approche de la pédagogie Waldorf par le côté de la recherche empirique (voir Ullrich 2004 & 2007). À l’occasion du 150ème anniversaire de Rudolf Steiner, il publia une biographie de Steiner (Ullrich 2011).
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