Articles
- Écrit par : Rémi Mogenet
Dieu sait pourquoi, la philosophie approuvée par les universités publiques passe pour plus laïque qu'une autre, et finalement il est plus séant de respecter Jean-Paul Sartre que Pierre Teilhard de Chardin – même parmi les anthroposophes, en moyenne moins hostiles à la philosophie agnostique défendue par l'État qu'aux philosophes catholiques. C'est curieux, au regard de ce qu'a énoncé Rudolf Steiner, puisqu'il a donné comme premier principe social la liberté absolue dans la sphère culturelle, et contesté d'abord sous ce rapport le poids de l'État, rappelant que même celui de l'Église n'avait pu exister que par le soutien des empereurs et des rois. Or, à présent, ce soutien est peu présent, et c'en est au point où stratégiquement l'Église défend volontiers la liberté individuelle contre l'étatisme – persuadée, non sans raison, que si les individus par exemple étaient entièrement libres de choisir l'éducation de leurs enfants (par le biais notamment d'un chèque-éducation, comme il en existe dans certains États américains), leurs institutions ne s'en porteraient que mieux, beaucoup de gens continuant à lui être attachés. Mais cela peut aussi être vrai surtout des États-Unis, dominés politiquement par le protestantisme. Peut-être qu'en France les Gaulois se pensent protégés de Rome par l'État parisien, déjouant jusqu'aux principes généraux de Steiner. Cela peut aussi venir d'un réflexe nationaliste : on rejette la tradition latine, et on préfère la culture étatique obligatoire gauloise même à une libre possibilité d'adoption de la tradition romaine. On hiérarchiserait, en quelque sorte.
- Écrit par : Rémi Mogenet
Relativement au monde spirituel, la sagesse juive a pour qualité d'être remarquablement claire, et à ce titre se recoupe souvent avec ce que Rudolf Steiner, qui avait la même ambition de clarté, a pu énoncer. Les différences de lieu, d'époque et d'habitudes peuvent créer un regard différent, mais, dans le monde spirituel, beaucoup de choses restent les mêmes d'un siècle à l'autre, quoi qu'on dise, et on peut être surpris qu'à bien des égards, même avec le christianisme les pensées de Rudolf Steiner ne se recoupaient pas autant qu'avec le judaïsme. C'est en particulier le cas – donc – pour ce qui n'a pas changé depuis l'aube des temps, au sein de l'humanité et du monde : les rapports entre Dieu et la Nature, les vies successives, les anges. On peut se poser la question de savoir jusqu'à quel point ces recoupements existent. Voyons cela1.
- Écrit par : Rainer Patzlaff
Chances et dangers des réformes de formation à l’exemple du passage du jardin d’enfant (maternelle) à l’école primaire en Allemagne
Résumé : Renforcer des enfants de manière telles qu’ils puissent être à la hauteur de leurs tâches dans un monde qui change rapidement, c’est une mission reconnue et nécessaire. Cette réorganisation, qui a commencé par cette exigence sur les formes traditionnelles d’éducation et de formation, laquelle a été activée avec faste par le programme PISA, sert pourtant en large partie, non pas l’adaptation de la pédagogie aux nécessités du développement des enfants, mais au contraire, l’adaptation des enfants aux nécessités économiques. Les modèles du penser économique dominent la pédagogie sans aucune réflexion, en association à une tendance tout aussi peu réfléchie d’une intellectualisation de la petite enfance. Ces deux phénomènes — et c’est ce qui appert de plus en plus nettement ces tous derniers temps — conduisent directement dans le cul-de-sac d’une pédagogie qui rend malade [au sens propre, ndt]. À l’appui des branches scientifiques modernes comme la recherche sur le cerveau, sur le lien, la salutogenèse, la recherche sur les bébés et de nombreuses autres, la situation présente en appelle à fonder la durabilité d’une pédagogie de l’enfance qui soit débarrassée de tous les objectifs qui lui sont extérieurs et une pédagogie qui explore — en conformité aux lois déterminées par l’étude profonde de la nature humaine — ce qui la rend féconde et conforme aux droits de la vie et aux métamorphoses fondées sur une dynamique d’évolution.
- Écrit par : Leonhard Weiss
Résumé : Les impulsions développées au long de ces dernières décennies — sous la reprise des réflexions à (re)découvrir chez Johann Gottlieb Fichte et Georg Wilhelm Friedrich Hegel — d’une « théorie sociale philosophique de la reconnaissance », ont également été reçues diversement dans les sciences de l’éducation. Dans le cadre de cet article, sont d’abord développés quelques motifs de base du penser de la théorie de la reconnaissance et avec leur aide en les ajustant, est reconstruit ensuite le concept de développement dynamique de la pédagogie Waldorf. À l’occasion de quoi on explore de quelle manière il y a des points de contact entre l’amorce de la théorie de la reconnaissance d’une « formation du sujet dans les relations de reconnaissances » et la compréhension qu’a la pédagogie Waldorf du développement de l’enfant et de l’adolescent et on s’interroge dans quelle mesure une dynamique du développement fondant la pédagogie Waldorf est à interpréter, par conséquent comme une reconfiguration éventuelle concrète d’une « pédagogie de la reconnaissance ».
- Écrit par : Rémi Mogenet
Chaque année, une revue scientifique annuelle internationale est réalisée, en anglais, et en juin dernier, à propos de la biodynamie, il était écrit : « Biodynamic agriculture (BD agriculture) was presented as an alternative form of agriculture by the philosopher Rudolf Steiner and is nowadays considered one of the forms of organic agriculture. The objective of the present manuscript is to critically review international scientific literature on biodynamic agriculture as published in highly ranked journals and to assess its performance. This review was based on a structured literature survey of peer-reviewed journals indexed on the Web of Science™ (WoS) Core Collection database carried out from 1985 until 2018. We found 147 publications of studies in journals with an impact factor. Of these, 93 focused on biodynamic agricultural practices, 26 on the sustainability of the biodynamic method, and 28 on the food quality of biodynamic products. The results of the literature review showed that the BD method enhances soil quality and biodiversity. Instead, further efforts are needed to implement knowledge on the socio-economic sustainability and food quality aspects of BD products. One particularly promising topic of research consists in the assessment of microbial activity and the potential that microbiomes have in BD farms to enhance soil fertility and human health following the One Health approach. Moreover, it is critical that such subjects be investigated using a systemic approach. We conclude that BD agriculture could provide benefits for the environment and that further efforts should be made with research and innovation activities to provide additional information to farmers, policy makers, and stakeholders regarding this type of organic agriculture1. »
[NDLR : Une traduction en langue française du résumé et de l'article complet parue dans cette revue scientifique est accessible sur le site de Biodynamie recherche, sur cette page]
- Écrit par : Rémi Mogenet
Certains anthroposophes affirment que pour éviter l'idolâtrie dont pourrait faire parmi eux l'objet Rudolf Steiner, il faut éviter de le citer, et de le prendre comme base de l'anthroposophie. Je ne trouve pas cela spécialement rationnel, vu qu'il est réellement la base de ce qu'on appelle l'anthroposophie : l'anthroposophie est avant tout la philosophie de Rudolf Steiner, ou la démarche initiatique qu'il a précisée. De surcroît, pour éviter l'idolâtrie, le mieux est simplement de ne pas y tomber quand on parle de lui – quand on le cite –, c'est à dire d'exercer son esprit critique et de reconnaître et de livrer ses limites, dans la mesure où on peut les voir. Il est bien possible que les anthroposophes qui ne veulent pas qu'on cite Steiner soient dans le cas de ne pas vouloir qu'on le cite contre eux, quand ils essaient d'imposer leurs pensées personnelles qu'ils pensent géniales, mais qui en général sont assez banales et viennent de la philosophie ordinaire. J'en ai eu des exemples, ici ou là. Ils croyaient que leurs idées étaient plus avancées que celles de Steiner, alors qu'en fait elles existaient déjà avant : ils s'imaginaient à tort que les idées progressent beaucoup. Celles à la mode sont là depuis bien longtemps, on ne change pas tant qu'on croit.
- Écrit par : Christian Lazaridès
(...) «Sur cette image se télescopent deux impulsions absolument contradictoires, absolument incompatibles, absolument inconciliables :
- les 12 étoiles du drapeau de l’Union européenne adopté le 8 décembre 1955 (Jour de la Fête de l’Immaculée Conception, selon le dogme promulgué par le pape Pie IX le 8 décembre 1854).
Pour des raisons historiques qu’il serait fastidieux de développer ici, ce symbole a été choisi comme une sorte d’égrégore de suggestion liant jésuitisme occulte et maçonnerie occulte, deux impulsions fondamentalement antichristiques et anti-anthroposophiques.
- un dodécaèdre, c’est-à-dire un polyèdre à douze faces pentagonales, qui, bien sûr, peut connaître toutes sortes d’interprétations et de déclinaisons, mais qui, dans la sphère de personnes se réclamant de l’anthroposophie, évoque avant tout l’acte fondateur que Rudolf Steiner accomplit le 20 septembre 1913, à la tombée de la nuit, lorsqu’il posa la pierre de fondation pour le Johannesbau (Premier Goetheanum), lequel, en bois, fut la proie d’un incendie criminel 9 ans et trois mois plus tard, dans la nuit du 31 décembre 1922 au 1erjanvier 1923.
Le 25 décembre 1923, lors de la Pose de la pierre de fondation (cette fois idéelle, dans les âmes) de la Société anthroposophique universelle, il reviendra sur l’importance de cette forme dodécaédrique.» (...)
- Une conférence de Rudolf Steiner sur Joseph de Maistre
- Louis Rendu et l'eau providentielle, ou une démarche goéthéenne dans l'Église de Savoie
- Suggestions occultes (suite) : le mésusage d'un argument chronologique dans l'identification de Tomberg au Bodhisattva
- Pratique remarquable — théorie douteuse ? Au sujet de l’ouvrage d’Ullrich «Pédagogie Waldorf. Une introduction critique»
- La mystique en tant que « protoscience » d’une investigation immanente de la conscience
- Anthroposophie et enseignement Waldorf — Une relation dynamique*
- La réprobation de la conception du monde. De l’influence de l’anthroposophie sur la pédagogie Waldorf - Une question de forme et de modération
- Olaf Stapledon et les étoiles qui dansent
- Robert Powell et Tomberg (et la prétendue nécessité d'un lien entre christianisme ésotérique et Église catholique)
- Jean-Jacques Rousseau et la philosophie de la liberté
- La démarche anthroposophique est-elle possible dans la Compagnie de Jésus? Le cas de Pierre Teilhard de Chardin
- Science-fiction et théosophie: un curieux mélange
- Rudolf Steiner sur le jésuitisme (un aperçu)
- Littérature africaine et monde spirituel
- Biodynamie et autonomie de l'agriculteur : un problème politique
- Imagination disciplinée dans la littérature francophone belge: une singulière capacité à rester rationnel dans la fantaisie
- Un livre mystérieux sur les secrets de l'éternelle Bretagne
- Jean-Henri Fabre et l'intelligence de la nature « complice de l'Église catholique » dans la France de la Troisième République
- Olivier Costa de Beauregard et la tapisserie psychique du cosmos, ou la catholique attente d'une mythologie reliant la Théologie à la Science
- Biodynamie, êtres élémentaires et France éternelle gaullienne: des liens plus importants qu'on ne croit